Maelström Réévolution
Citylights MondoDiLuce
#149
Parution : février 2019
Pages : 40
ISBN : 978287505332
Prix : 3 €
Présentation de l'éditeur
Le deuxième bookleg d'Antoine Wauters après Debout sur la langue (2008).
J’ai vécu jusqu’à mes dix-huit ans dans un petit village d’Ardenne où mon imagination se trouve, encore aujourd’hui. Que je le veuille ou non, tout ce que j’écris vient de là, des quelques mètres carrés du hangar à poules de mon grand-père, de l’odeur des fraises qu’il cultivait derrière l’église, face aux collines de Hoyemont, au-dessus de l’Ourthe et de l’Amblève, des silos à foin de la ferme de Jacques Martin, des bêtes sachant d’instinct trouver le bonheur, des machines agricoles défoncées par l’usage, dans le purin.
Antoine Wauters est né en 1981. Après Césarine de nuit, aux éditions Cheyne, c’est son roman Nos mères, chez Verdier, qui le révèle au public, en obtenant le Prix Première de la RTBF et le Prix Révélation de la SGDL. Comme scénariste, il a cosigné Préjudice d’Antoine Cuypers, long métrage avec Nathalie Baye et le chanteur Arno. En septembre 2018, il marque la rentrée littéraire en publiant simultanément deux romans chez Verdier : Moi, Marthe et les autres et Pense aux pierres sous tes pas, finaliste du Prix Décembre et Prix du deuxième roman.
Mon avis
C'est un tout petit bookleg de 40 pages paru chez Maelstroem fin février 2019 dont je vais vous parler.
Antoine Wauters nous parle de son enfance, un thème assez récurrent dans son oeuvre. Jusqu'à ses 18 ans il a vécu dans un petit village des Ardennes et c'est là que tout a commencé, c'est là qu'il puise son imagination.
Il se souvient de son enfance, des terrains de jeu avec son frère jumeau, de la rigueur, de la sobriété, du poids de la religion, de l'arrivée de sa soeur, de ses peurs : celle de lui-même, de la mort éventuelle de sa maman, de la peur de voyager .... Mais il nous parle aussi beaucoup de l'apprentissage de l'écriture.
Écrire c'est flotter nous dit-il. Écrire car on se sent peuplé, moins seul, on est nombreux.. Écrire pour se construire un monde, se créer une fiction, pour oublier qu'il est terrorisé d'être lui, n'être personne pour pouvoir écrire. Écrire pour renouer avec le seulement de n'être rien car écrire c'est être là sans être là.
Un très joli récit émouvant dont un thème revient souvent : où est l'enfant en lui ? Cet enfant parviendrait-il à le reconnaître s'il le voyait aujourd'hui?
Un joli récit, profond, par un auteur de chez nous que j'adore.
Si vous ne connaissez pas encore sa plume, faites un petit tour en dessous de l'article, soyez curieux et lisez-le.
♥♥♥♥
Antoine Wauters nous parle de son enfance, un thème assez récurrent dans son oeuvre. Jusqu'à ses 18 ans il a vécu dans un petit village des Ardennes et c'est là que tout a commencé, c'est là qu'il puise son imagination.
Il se souvient de son enfance, des terrains de jeu avec son frère jumeau, de la rigueur, de la sobriété, du poids de la religion, de l'arrivée de sa soeur, de ses peurs : celle de lui-même, de la mort éventuelle de sa maman, de la peur de voyager .... Mais il nous parle aussi beaucoup de l'apprentissage de l'écriture.
Écrire c'est flotter nous dit-il. Écrire car on se sent peuplé, moins seul, on est nombreux.. Écrire pour se construire un monde, se créer une fiction, pour oublier qu'il est terrorisé d'être lui, n'être personne pour pouvoir écrire. Écrire pour renouer avec le seulement de n'être rien car écrire c'est être là sans être là.
Un très joli récit émouvant dont un thème revient souvent : où est l'enfant en lui ? Cet enfant parviendrait-il à le reconnaître s'il le voyait aujourd'hui?
Un joli récit, profond, par un auteur de chez nous que j'adore.
Si vous ne connaissez pas encore sa plume, faites un petit tour en dessous de l'article, soyez curieux et lisez-le.
♥♥♥♥
Les jolies phrases
C'était le début des années 80, avant les ordinateurs, avant le règne du porno et des jeux vidéos immersifs, avant que tout se mette à trembler et à aller très vite. Avant que les gens tombent amoureux d'eux-mêmes, abîmés dans leurs téléphones.
L'histoire de l'humanité mâle n'est rien d'autre que l'histoire d'une fuite hors du foyer. Depuis qu'il est sur terre, le mâle ne fait qu'une chose : tourner le dos à ceux qu'il aime.
Je vais jouer . (...) Des jeux qui ne nous divertissaient pas, pas plus qu'ils ne nous amusaient, mais qui nous confisquaient. Qui étaient tout.
J'étais là, vivant, mais j'aurais tout aussi bien pu ne pas y être, ou être mort, car je n'avais alors absolument aucune conscience d'exister. Toujours et constamment, je me débordais. Il n'y avait aucune coupure à ce temps là.
Je suis convaincu que l'écriture, avant d'être un acte d'expression, est un acte d'écoute. Il faut longtemps se taire et apprendre à entendre, puis seulement parler.
Je crois qu'il est aussi difficile d'être heureux que malheureux quand on écrit. Parce qu'écrire, et le faire dans la durée, c'est renouer jour après jour avec le sentiment de n'être rien. Sans doute est-ce pour cela qu'il est aussi très difficile d'être réellement humain quand on est écrivain.
Car avoir les mots, je compris que c'était les avoirs plantés dans le ventre et les sentir hacher les chairs, les unes après les autres. Je compris que parler, d'une certaine manière, c'était se séparer de soi, de la vie et des autres. S'il me donnait naissance comme sujet, le langage me plaçait également à tout jamais en spectateur de moi-même, né pour la mort.
Écrire, c'est être confisqué. Il n'y a plus de place pour rien.
Je n'ai jamais écrit pour faire des livres. J'écris parce qu'il me faut descendre. Je ne peux pas vous dire où. Seuls mes livres le savent.
Maman, elle, décida de ne plus enseigner pour s'occuper de nous. Dans un sens, elle sacrifia une part de son bonheur personnel pour le nôtre. Cette pensée me laisse sans voix.
L'histoire de l'humanité mâle n'est rien d'autre que l'histoire d'une fuite hors du foyer. Depuis qu'il est sur terre, le mâle ne fait qu'une chose : tourner le dos à ceux qu'il aime.
Je vais jouer . (...) Des jeux qui ne nous divertissaient pas, pas plus qu'ils ne nous amusaient, mais qui nous confisquaient. Qui étaient tout.
J'étais là, vivant, mais j'aurais tout aussi bien pu ne pas y être, ou être mort, car je n'avais alors absolument aucune conscience d'exister. Toujours et constamment, je me débordais. Il n'y avait aucune coupure à ce temps là.
Je suis convaincu que l'écriture, avant d'être un acte d'expression, est un acte d'écoute. Il faut longtemps se taire et apprendre à entendre, puis seulement parler.
Je crois qu'il est aussi difficile d'être heureux que malheureux quand on écrit. Parce qu'écrire, et le faire dans la durée, c'est renouer jour après jour avec le sentiment de n'être rien. Sans doute est-ce pour cela qu'il est aussi très difficile d'être réellement humain quand on est écrivain.
Car avoir les mots, je compris que c'était les avoirs plantés dans le ventre et les sentir hacher les chairs, les unes après les autres. Je compris que parler, d'une certaine manière, c'était se séparer de soi, de la vie et des autres. S'il me donnait naissance comme sujet, le langage me plaçait également à tout jamais en spectateur de moi-même, né pour la mort.
Écrire, c'est être confisqué. Il n'y a plus de place pour rien.
Je n'ai jamais écrit pour faire des livres. J'écris parce qu'il me faut descendre. Je ne peux pas vous dire où. Seuls mes livres le savent.
Maman, elle, décida de ne plus enseigner pour s'occuper de nous. Dans un sens, elle sacrifia une part de son bonheur personnel pour le nôtre. Cette pensée me laisse sans voix.
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1 commentaire:
Voilà un texte que j'aimerais beaucoup lire !
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