Grasset
Parution : 3 mars 2021
Pages : 198
Isbn : 9782246826866
Prix : 18 €
Présentation de l'éditeur
Cour d’Assises de Rennes, juin 2020, fin des débats (auxquels le lecteur n’a pas assisté) : le président invite les jurés à se retirer pour rejoindre la salle des délibérations. Ils tiennent entre leurs mains le sort d’une femme, Mathilde Collignon. Qu’a-t-elle fait ? Doit-on se fier à ce que nous apprennent les délibérations à huit-clos, ou à ce que révèle le journal que rédige la prévenue qui attend le prononcé du jugement ?
Accusée de s’être vengée de manière barbare de deux hommes ayant abusé d’elle dans des circonstances très particulières, Mathilde Collignon ne clame pas son innocence, mais réclame justice. Son acte a été commenté dans le monde entier et son procès est au cœur de toutes les polémiques et de toutes les passions. Trois magistrats et six jurés populaires sont appelés à trancher. Doivent-ils faire preuve de clémence ou de sévérité ? Vont-ils privilégier la punition, au nom des principes, ou le pardon, au nom de l’humanité ? Avoir été victime justifie-t-il de devenir bourreau ?
Nous plongeons en apnée dans cette salle des délibérations d’un jury de cour d’assises. Neuf hommes et femmes en colère qui projettent sciemment ou inconsciemment sur l’écran de cette affaire le film intérieur de leur propre existence…
Mon avis
Cour d'Assises de Rennes, juin 2020, c'est le procès de l'année, hypermédiatisé à la suite de la vague #metoo. Sur le banc des accusés, Mathide Collignon, née le 2 octobre 1985, elle est mère de deux petites filles, médecin interne gynécologue.
Elle a subi une agression et a décidé de ne pas se laisser faire, le comble; ses agresseurs sont la partie civile. C'est vrai qu'elle a répondu par la vengeance de manière spectaculaire et que ce procès est important, la décison créera un précédent (ou créera jurisprudence ???)
Un détail et non des moindres, l'accusée aime le sexe, le reconnaît et le revendique et ça ce n'est toujours pas accepté lorsqu'on est une femme. Pourquoi est-ce un "crime", mal vu, inavouable pour une femme et pas pour un Don Juan, Casanova...
"Je suis recluse dans cette geôle, dans l'attente d'un délibéré d'assises parce que j'aime le sexe, et que, un soir de solitude, j'ai eu envie de m'envoyer en l'air, au lieu de regarder le téléfilm sur France 2 comme une "bonne" mère de famille. "
Mathilde est bien victime, elle est mal tombée..., n'a pas cru dans la société, en colère, elle a cédé à la vengeance croyant que cela réglerait ses souffrances, c'est humain, non !
Et là, elle attend le verdict, celui du jury : quatre femmes, deux hommes et trois magistrats !
La condamnera-t-il une seconde fois ? La sentence sera-t-elle exemplaire ? ou au contraire clémente ?
C'est l'affaire Collignon qui anime toute la France.
Un sacré débat dans la vague #metoo, un récit qui nous parle de notre société actuelle, de combat que doivent mener les femmes qu'on n'écoute ou n'entend toujours pas.
Mathieu Menegaux m'épate à chaque fois par sa faculté à penser comme une femme. C'est le point commun de chacun de ses romans. Il explore et maîtrise avec brio la psychologie féminine en mettant en avant des situations particulières et les conséquences qui peuvent en découler.
À sa manière il essaie à mon sens à mettre en avant le fait que les femmes démarrent avec un handicap et sont encore très loin d'être l'égale de l'homme. De nombreux préjugés doivent encore tomber.
Ce roman est à deux voix, d'une part Mathilde qui prend la plume en attendant ce jugement et nous dévoile petit à petit son histoire, ses motivations et rancoeurs. D'autre part on assiste aux rouages d'un procès d'assises et des différentes étapes du délibéré. C'est un peu plus ardu mais super intéressant, un peu comme un docu-fiction.
J'ai beaucoup aimé ce roman super bien construit qui donne lieu à réflexion, va droit au but et comme à chaque fois maintient une tension, un suspense en nous surprenant.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Je ne devrais pas écrire ces mots. Je ne retiens donc aucune leçon ! Pourtant c'est clair : avouer aimer le sexe , pour une femme, en 2020, malgré tous les Weinstein, les Polanski, et les #MeToo du monde, c'est toujours s'exposer à être considérée comme une putain une traînée, une salope, une allumeuse et toute la litanie de qualificatifs imagés écrits par des hommes. Avouer aimer le sexe, pour une femme, ce n'est pas anodin. Il suffit de constater le choix des mots. Sans en avoir conscience, je viens d'écrire "avouer", pas "affirmer" , ni "revendiquer". Même aujourd'hui, aimer le sexe, pour une femme, relève encore du vice, pour une grande partie de la population. C'est un crime, une honte, une tare à dissimuler, un défaut qu'il convient d'avouer, donc, car faute avouée est à moitié pardonnée. Une femme a le droit d'apprécier de faire l'amour avec son compagnon. Mais aimer le sexe, le revendiquer, s'envoyer en l'air avec un parfait inconnu, juste parce qu'il est attirant , ou avec un type qu'on connaît, juste parce qu'on en a envie là tout de suite, pas question de le crier sur les toits. Il convient de l'avouer en le murmurant derrière le moucharabieh d'un confessionnal. Il s'agit d'une maladie. Comme les homosexuels jadis, qu'il fallait soigner ou exorciser, les femmes qui avouent aimer le sexe relèvent de la pathologie. Je ne connais pas d'équivalent à " nymphomane" pour un homme. Un Don Juan, c'est chic. Casanova idem.
Je suis recluse dans cette geôle, dans l'attente d'un délibéré d'assises parce que j'aime le sexe, et que , un soir de solitude, j'ai eu envie de m'envoyer en l'air, au lieu de regarder le téléfilm sur France 2 comme une "bonne mère de famille".
Elle a quand même dit qu'elle avait envie de sexe, elle avait rendez-vous, comment est-ce qu'elle peut dire qu'elle a été violée ? Moi je pense que c'est à force de toutes ses saloperies de balance ton porc et de #MeToo qu'elle s'est fait un film complet. Et que si nous les jurés on laisse faire en disant "Non mais la pauvre il fallait bien qu'elle se défende", eh bien, nous les hommes, on n'aura plus qu'à rester chez nous si on veut rester entiers !
Je refuse de condamner cette femme. La condamner, c'est accepter la société dans laquelle nous vivons. L'acquitter, c'est faire changer la peur de camp.
Alors qu'une femme ose mener sa vie sexuelle comme elle l'entend, elle est légère, immorale, et on oublie que c'est une mère aimante et une professionnelle appréciée ? Et parce qu'une femme a décidé une fois de se faire justice elle-même, elle va se transformer en Charles Bronson, écumer nos villes pour traquer les hommes et les découper en morceaux à la première occasion ?
Le viol nous brise de l'intérieur. Certains pays l'on tellement intégré qu'ils le pratiquent comme arme de guerre. Nous avons une occasion unique de commencer à recoller les morceaux. Voilà ce qui me semblerait juste.
Comment ai-je pu croire un instant que la vengeance guérirait ma souffrance ?
Elle est humaine, cette femme. Elle mérite notre humanité. Si nous la condamnons lourdement, nous l'aurons détruite une deuxième fois.
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1 commentaire:
Voilà un livre que je commence à rencontrer un peu partout. Il faudrait que je découvre cet auteur...
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