samedi 11 février 2023

La petite menteuse - Pascale Robert-Diard

 La petite menteuse  -  Pascale Robert-Diard
























L'iconoclaste
Parution : le 18 août 22
Pages : 288
Isbn : 9782378802998
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur



Le portrait saisissant d’une jeune fille victime des bonnes intentions


La vérité n’est jamais celle que l’on imagine et il est parfois bénéfique de remettre en question notre intime conviction. Pascale Robert-Diard raconte l’histoire d’une jeune fille qui ment. Quand les institutions sont décriées pour leur indifférence, l’autrice montre des adultes remplis de bonnes intentions. A l’heure où la littérature abonde en pénalistes retors ou flamboyants, La Petite Menteuse raconte la manière dont une avocate exerce avec finesse son métier.

Les engrenages de l’imposture

Lisa a quinze ans. C’est une adolescente en vrac, à la spontanéité déroutante. Elle a eu des seins avant les autres filles, de ceux qui excitent les garçons. Elle a une « sale réputation ». Un jour, Lisa change, devient sombre, est souvent au bord des larmes. Ses professeurs s’en inquiètent. Lisa n’a plus d’issue pour sortir de son adolescence troublée et violente. Acculée, elle finit par avouer : un homme a abusé d’elle. Les soupçons se portent sur Marco, un ouvrier venu faire des travaux chez ses parents. En première instance, il est condamné à dix ans de prison.

Le tourbillon du mensonge et de la vérité

Alice, avocate de province, reçoit la visite de cette jeune femme. Désormais majeure, Lisa l’a choisie pour le procès en appel car elle « préfère être défendue par une femme ». Alice reprend le dossier de manière méthodique, elle cherche les erreurs d’aiguillages, les fausses pistes, celles qui donnent le vertige, puis découvre la vérité. Avec l'histoire de Lisa, elle commence le procès le plus périlleux de sa carrière : défendre une victime qui a menti.

Pascale Robert-Diard


Entrée au Monde en 1986, Pascale Robert-Diard a longtemps été journaliste politique. Depuis 2002, elle est chargée de la chronique judiciaire. Elle suit toutes les grandes affaires judiciaires, procès d’assises, scandales politico-financiers, mais aussi tout ce quotidien de la justice ordinaire, celle des tribunaux correctionnels, des comparutions immédiates, des chambres civiles. Elle a obtenu en 2004 le prix Louis-Hachette pour ses comptes-rendus du procès Elf.

Elle a publié Dans le ventre de la justice, en septembre 2006 (Editions Perrin),
et en 2015, elle a mis en image, grâce à François Boucq, Le procès Carlton.

En 2016, son dernier roman La Déposition (Editions de L’Iconoclaste), a été retenue jusqu’à la deuxième sélection du Prix Fémina.  soure : L'iconoclaste


Mon avis

Le titre est sans équivoque, nous avons bien affaire à une petite menteuse.  Il y a 4 ans, Lisa Charvet a menti et un homme, Marco Lange, un ouvrier a été accusé de viol, prenant une peine de 10 ans de prison.

Dans 4 mois aura lieu le procès en appel...  Lisa est majeure aujourd'hui, elle décide de changer d'avocat et demande à Alice Kéridreux de la défendre, elle veut une femme pour la défendre.

Alice reprend l'affaire depuis le début. Elle décortique tous les rouages du procès, de façon méthodique  et  Lisa lui avoue avoir menti...

Elle avait 15 ans à l'époque, un corps de femme, de gros seins venus trop vite, ceux qui excitent les garçons.  C'était la petite salope au lycée, un moment d'enfer, difficile de dire non.   Un moment des professeurs se sont inquiétés, et peu à peu , Lisa s'est sentie prise au piège, elle a accusé de viol celui qui semblait être le coupable idéal.

Aujourd'hui majeure, Lisa a des remords, elle veut assumer, faire face.

Alice va entreprendre un procès difficile, défendre une victime qui a menti, essayer de la protéger, mais aussi faire éclater une erreur judiciaire, la réparer en libérant un innocent.

Les rouages judiciaires n'ont pas de secret pour Pascale Robert-Diaz, éminente chroniqueuse judiciaire au Monde.  Elle va nous faire découvrir les rouages de la justice, essayer de comprendre pourquoi une ado de 15 ans a menti et envoyé un innocent en prison, nous entraînant ainsi au plus profond de l'âme humaine.  Comprendre le malaise et le mal-être d'une ado qui a grandi trop vite, qui devient "la petite salope" du lycée car elle ne dit pas non de peur de ne pas être aimée.

Lisa Charvet est-elle coupable ou victime ?  

Un récit qui se lit comme un thriller.  La plume est fluide, alerte, directe, sans fioritures.  Elle nous touche, analyse les différents témoignages des professeurs, des parents, sur l'origine et la mécanique d'un mensonge, mais aussi,  on s'interroge sur l'intime conviction, sur l'éclairage d'une affaire qui fait pencher la balance dans un sens ou dans l'autre, qui sème le doute dans la présomption d'innocence ou de culpabilité.  

Ma note : 9.5/10 






Les jolies phrases


Ce n'est pas parce qu'on est une adolescente pleine de désirs que l'on doit se sentir fautive.

Mais c'était ça, aussi, qui lui plaisait dans ce job, l'effraction qu'il offrait dans la vie des autres.  Accusés ou victimes, ils étaient finalement à égalité de détresse quand ils venaient la voir.

Les moments solennels ne sont jamais comme on les imagine.  Une fille tout juste adulte jouait une part de sa vie en revenant sur les accusations qui valaient à un homme d'être emprisonné et Alice ne savait plus quoi lui dire.  Elle n'avait qu'une envie : la voir prendre son sac à dos et partir.  Tout s'emmêlait.  Le sentiment d'urgence qu'elle éprouvait à l'idée qu'un homme avait été condamné à tort.  L'exaltation de contribuer à la réparation d'une erreur judiciaire.  La crainte sourde de l'épreuve qui attendait Lisa.  Saurait-elle la protéger de la tempête que sa lettre allait déclencher ?  Tout était si ténu.  Mais l'affaire était belle.  Il n'y en avait pas tant, des comme ça, dans une vie d'avocate. 

Bien sûr que mon mensonge me faisait souffrir.  Plus je mentais et plus je souffrais.  Mais plus je souffrais et plus on me croyait. 

Le collège, c'est la guerre.  Héroïne un jour, paria le lendemain. On s'allie, on se trahit, on négocie, on se réconcilie.  Et on recommence.  Un qui-vive permanent.  Aucune victoire n'est jamais acquise.  Toutes les gloires sont éphémères.  Celle-là même à qui on a juré une amitié, à la vie, à la mort, vous sacrifie sans états d'âme à une autre qui semble soudain mieux en cour.  

Vous voyez, c'est ça qui est terrible aux assises.  Au début, on ne comprend pas comment un événement aussi dramatique a pu se produire.  et puis, plus on s'approche, et plus on se dit que peut-être, la même chose aurait pu arriver chez soi.




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