Réparer nos silences - Dominique Van Cotthem
Genèse édition
Parution : 16/01/23
Pages : 272
Isbn : 9782382010228
Prix : 22.5 €
Présentation de l'éditeur
Après une enfance fracassée, Ludovic, un orphelin de quinze ans, est accueilli par la famille Martelle. L’adolescent révolté y trouve peu à peu sa place, porté par l’affection de Laura et Christian, les parents et la complicité qu’il noue avec Lydie et Joe, leurs enfants, sans oublier Bourvil, l’impétueux cocker. Mais six ans plus tard, Christian Martelle est retrouvé assassiné dans les toilettes d’une station-service. Le chauffeur routier laisse derrière lui une famille dévastée et de nombreuses questions.
Qui était Christian ? Pourquoi vouloir sa mort ? Et pourquoi Ludovic a-t-il tenté de se suicider un an après avoir intégré la famille ? Une seule certitude : l’étrange part d’ombre de Christian, vécue comme une trahison, éveille en Ludovic le besoin de se défaire une fois pour toutes des silences qui le rongent. L’heure des réparations a sonné.
Dominique Van Cotthem
C'est par ce troisième roman de Dominique Van Cotthem, que je découvre sa plume. Quelle plume ! Waouh ! Une belle claque !
Un immense coup de ♥. Une belle découverte, merci à Isabelle Fagot de me l'avoir proposé!
Christian Martelle est chauffeur routier, marié à Laura, père de deux enfants : Lydie et Joe.
Il y a six ans, Ludo, âgé de 16 ans à l'époque est venu compléter la famille. Ludo a été abandonné, son enfance fracassée, passant d'institutions en institutions avant d'atterir chez les Martelle.
Il est meurtri, garde en lui ses silences, ses nombreuses blessures et souffrances, son enfance saccagée. La révolte sommeille toujours en lui. C'est ici qu'il a trouvé sa place et l'amour manquant, c'est sa famille aujourd'hui.
Le 8 février 1986 tout s'effondre à nouveau. Christian est retrouvé assassiné dans les toilettes de l'autoroute de Soumagne, non loin de chez son employeur. C'est la consternation, l'incompréhension pour ses proches, la révolte, le questionnement.
Christian, le père, mari aimant et attentionné, ne serait pas celui que l'on croit ? Tout s'effondre !
Qui était vraiment Christian ? Pourquoi avoir voulu sa mort ?
La rage enfouie au fond de lui remonte, Ludo a besoin de vengeance, de réparation.. mais, il sent qu'il doit protéger Laura et les enfants.
Une rencontre avec un homme, le commissaire Jacquinet va changer sa vie.
De manière très adroite et avec beaucoup de sensibilité, l'histoire de Ludovic va peu à peu se dévoiler et se croiser avec l'enquête.
Commence alors un véritable page turner, Ludo n'a pas été épargné par la vie... et ce n'est pas rien de le dire, d'autres épreuves l'attendent.
C'est dans les replis de l'âme humaine que nous conduit Dominique Van Cotthem, avec pudeur, délicatesse pour traduire l'horreur, la réalité que fut celle de Ludo enfant. L'enquête continue en alternace.
C'est talentueux, la plume est fluide, très addictive.
Cela parle de l'amour familial et du manque de celui-ci, qui forge l'être, de la noirceur de l'homme, du besoin de justice, de vengeance.
C'est excellent, dans la veine de Barbara Abel.
Je n'ai pu m'empêcher de penser à "L'enfer des gosses" de Jules Brunin, lu lorsque j'étais adolescente.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Il était facile de s'habituer à la douleur physique, le corps s'endurcit vite. Mais l'esprit, lui, n'a pas le cuir aussi solide. Il absorbe la mélancolie, gobe les chapelets de reproches, distille le tout au fond d'un alambic où il transforme une erreur en croyance. Un mensonge en vérité. Des sévices en punitions méritées.
L'établissement accueillait des orphelins, des pupilles de l'Etat, des gosses de parents à problèmes déposés provisoirement. Des poignées de chiots, abandonnés aux portes d'un chenil et auxquels on interdisait de mordre.
C'était cela une famille d'accueil. Un garçon auquel l'administration avait refusé un prénom, une fille qui préférait Lénine aux fleurs, un père qui nous instruisait avec des cartes postales et une mère qui puisait ses mots d'amour dans le répertoire de Joe Dassin. Et moi, au milieu de ce microcosme affectif, j'avais trouvé ma place. Les fugues, la révolte, le souhait d'en finir s'étaient évaporés au contact de ces êtres si parfaitement imparfaits.
L'âge range les êtres du côté des persécuteurs ou celui des persécutés.
La passion est le reflet d'une aptitude à l'amour. La sociabilité celui de son acceptation.
Mentir, ce n'est rien. Juste un accomodement verbal de la vérité. L'important, ce sont les actes. Eux, ils ne trichent pas.
En s'inféodant à son bourreau, une victime s'accuse de complicité. Les monstres le savent, de la culpabilité naissent les plus lourds silences. Un laisser-passer vers des gouffres d'atrocités.
Ma culpabilité n'était pas l'addition de leurs reproches mais le résultat d'une absence d'amour.
Si on pouvait pousser son oeil dans le trou de la serrure du destin, on éviterait bien des erreurs.
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