mercredi 9 juillet 2014

Loin des mosquées Armel Job ♥


Une lecture dans la cadre du Challenge Coupe du Monde des Livres





Loin des mosquées

Armel Job





Parution : 9 Février 2012
Format : 135 x 215 mm
Nombre de pages : 276
Prix : 19,50 €
ISBN : 2-221-12953-9


Résumé


Un livre à la morale subtile ; un hommage vibrant au combat des femmes pour le droit à la liberté.


Turc grandi en Belgique, Evren achève à Cologne de brillantes études de comptabilité. Hébergé chez son oncle, ce garçon de vingt et un ans, encore chaste et au visage ingrat, s'éprend de sa cousine – la belle et sensuelle Derya. Rentré en Belgique, Evren fait part aux siens de sa décision : il va épouser Derya. Une délégation familiale se rend donc en Allemagne pour demander la main de la jeune fille. Mais les choses ne tournent pas exactement comme prévu : Derya éconduit Evren.
Outragés par cette humiliante fin de non-recevoir, les parents d'Evren cherchent un nouveau parti pour leur fils et choisissent Yasemin, une paysanne anatolienne de seize ans, vive et dégourdie, qu'Evren connaît à peine. Les noces ont lieu, et le jeune couple apprend peu à peu à s'apprivoiser. Jusqu'au jour ou Derya – dont Yasemin ignore l'existence – débarque à l'improviste en Belgique.
Quel secret cache le voyage de Derya ? Qui est véritablement Evren, ce grand garçon obéissant et en apparence si maladroit ? À quel jeu dangereux se livre Yasemin ? Quels rôles viennent jouer dans cette histoire René, voisin de la famille d'Evren et croque-mort de son état, et Marcel, son colocataire, attardé mental qui passe ses journées à visionner les enquêtes de l'inspecteur Colombo ?... Raconté du point de vue des principaux protagonistes – Evren, Derya, Yasemin et René, soumis, chacun à sa manière, au respect des traditions et aux caprices du destin –, Loin des mosquées s'apparente à une tragédie antique. À travers l'évocation des mariages arrangés, Armel Job livre ici un conte à la morale subtile sur le combat courageux des femmes pour le droit à la dignité, à l'égalité et à la liberté.

Armel JOB





Armel Job est né le 24 juin 1948 à Heyd, en Belgique. Il est le 3ème garçon d'une famille de 4 garçons. Son grand-père était marchand de chevaux. Son père fut matelassier puis marchand de céréales. C'est un milieu d'artisans modestes profondément enraciné dans le terroir et imprégné de l'ancienne culture liégeoise. La langue parlée à la maison n'est pas le français, mais le wallon liégeois.

A douze ans, Armel Job devient interne au séminaire de Bastogne, bastion de l'église catholique, mais surtout collège parmi les plus réputés de la Belgique francophone. Le latin et le grec forment la base de la pédagogie. On y étudie également assez d'autres matières accessoires pour aborder ensuite n'importe quelles études universitaires. Les congés et les distractions étant rares, on y dévore les livres recommandés et plus encore les défendus. Particulièrement mauvais au football, Armel Job apprend le piano et joue dans l'orchestre de l'école qui répète dans un local bien chauffé. Il s'essaie également au théâtre sous la direction d'un metteur en scène du Théâtre National qui monte une pièce chaque année avec les étudiants.

Armel Job poursuit des études universitaires à l'Université d'Etat de Liège au grand désappointement des autorités du séminaire de Bastogne qui, en principe, n'achalandent que l'Université catholique de Louvain. Il devient candidat en philosophie et lettres, licencié en philologie classique et agrégé de l'enseignement secondaire supérieur. La philologie classique est l'étude des civilisations grecque et latine sous l'aspect des langues, de l'histoire et de la culture. Au cours de ses études universitaires, il continue à faire du théâtre et contribue modestement à l'immortalité de Labiche dans les Ardennes profondes.

Après ses études, il est engagé comme professeur de latin et de grec au séminaire de Bastogne, école qui a pour sages principes de recruter ses professeurs parmi les anciens élèves et, accessoirement, de ne pas leur tenir rigueur du choix de leur université. Il y enseigne pendant vingt-trois ans et en 1993, il en devient le directeur. Durant ses années de professorat, Armel Job publie à plusieurs reprises des articles spécialisés dans les Revues de l'enseignement catholique belge et poursuit d'incessants travaux de traduction du latin et du grec. En tant que directeur, il accompagne l'évolution d'un séminaire de 500 garçons à un grand lycée mixte de 1600 élèves. C'est aussi à ce moment qu'il commence à publier des récits et des romans. Il quitte son poste en 2010 pour se consacrer à son travail littéraire. Il est également chargé de mission auprès du Ministre des Travaux publics de la Région wallonne (département patrimoine).

Les premiers récits d'Armel Job paraissent chez l'Hartmattan, puis il entre chez Robert Laffont où sont publié la plupart de ses romans. Il publie également en Belgique chez Memor, Mijade et chez Labor. En dix ans, il a reçu plus de dix prix littéraires.

Armel Job est marié et père de trois filles. Il vit à la campagne en Belgique et passe ses loisirs à faire de la culture biologique, des provisions de bois et du vélo.

source : http://www.servicedulivre.be/sll/fiches_auteurs/j/job-armel.html

Bibliographie

  • La reine des Spagnes, récit, L'Harmattan, Paris, 1995. Rééd., Memor, coll. Couleurs, Bruxelles, 2006.
  • La malédiction de l'abbé Choiron, récit, L'Harmattan, coll. Écritures, Paris, 1998. Rééd. Weyrich Editions, Neufchâteau, collection Plume du coq, 2011.
  • La femme manquée, roman, Robert Laffont, Paris, 2000.
  • De la salade!, récit, Éditions Memor, coll. Couleurs, Bruxelles, 2000.
  • Baigneuse nue sur un rocher, roman, Robert Laffont, Paris, 2001. Rééd. aux Ed. Memor, Bruxelles, 2003, coll. Couleurs et aux Ed. Labor, coll. Espace Nord (poche), Bruxelles, 2005.
  • Helena Vannek, roman, Robert Laffont, Paris, 2002. Rééd. (poche), Memor, Bruxelles, 2003. Rééd., Mijade, Namur, 2007.
  • Le conseiller du roi, roman, Robert Laffont, Paris, 2003.
  • La femme de Saint-Pierre, nouvelle, Éditions Labor, Bruxelles, 2004. Adaptation au théâtre par Fabien Lafontaine.
  • Les fausses innocences, roman, Robert Laffont, Paris, 2005. Rééd. Memor, coll. Couleurs, Bruxelles, 2006. Adapté en téléfilm par André Chantrelle (Fausses innocences) en 2009, Coproduction France 2 et RTBF.
  • Les Mystères de sainte Freya, roman, Robert Laffont, Paris, 2007.
  • Le commandant Bill, roman, Mijade, Namur, 2008.
  • Tu ne jugeras point, roman, Robert Laffont, 2009.
  • Les lunettes de John Lennon, roman, Mijade, Namur, 2010.
  • Les eaux amères, roman, Robert Laffont, Paris, 2011.
  • Bancs publics, nouvelle, Célébration du Banc public, Weyrich, Province de Luxembourg, 2011.
  • Loin des mosquées, roman, Robert Laffont, Paris, 2012.
  • Le bon coupable, roman, Robert Laffont, Paris, 2013.
  • Dans la gueule de la bête, roman, Robert Laffont, Paris, 2014.
Mon avis

Mais comment n'ai-je pas découvert cet auteur plus tôt.  Chapeau bas, Monsieur Job.  Quelle belle histoire.

Le quatrième de couverture plante le décor, nous allons parler mariage. Mariage turc pour être plus précis, c'est le thème principal de ce roman choral.  Originalité du récit quatre voix, quatre personnages nous racontera tout à tour son histoire.  Permettant ainsi à chaque pièce de prendre sa place pour reconstituer un puzzle et comprendre peu à peu le récit.

Début original.  René est croque-mort.  Cela commence avec un accident de corbillard. Etrange non! Peu banal. René est belge, il ne connait pas bien la communauté turque et, de ses yeux non initiés, nous allons vivre un mariage et une histoire nous contant le rôle et le poids reposant sur les femmes et le rôle de l'Islam.

Evren, le frère d'Atlan - voisin de René - a terminé ses études à Cologne. Il a passé du temps chez son oncle et a le coup de foudre pour sa cousine Derya.  De retour en Belgique, il la demandera en mariage.

Derya nous contera la place des femmes dans la société turque. Par l'histoire de sa mère, elle nous parlera de soumission, d'abnégation, de coutume, du silence.  Elle est un peu rebelle, refusera le mariage. Elle nous donnera un aperçu de la valeur des femmes, par rapport au père, à l'honneur, le mariage forcé, l'Islam et nous ouvrira beaucoup d'autres voies de réflexion.

Et enfin, Yasemin épousera finalement Evren et nous livrera sa vision des choses, comment elle veut croire et faire naître l'amour...

J'en ai déjà trop dit je pense.  Un récit magnifique, très bien ficelé qui nous emmènera là où l'on ne s'attend pas.  Des thèmes interpellants : la femme, l'Islam extrémiste, les kamikazes, la soumission, le mensonge, le dévouement, la rébellion...   

Un récit magnifique qui vous emporte en un clin d'oeil de la première à la dernière page.  Quel talent de raconteur, quelle plume.


Un coup de coeur  ma note 10/10

Les jolies phrases

Mais l'amour pourquoi faire ?  L'amour est chose si fragile qu'il ne faut pas être grand prophète pour prédire qu'il s'éteindra tôt ou tard.  et alors, qu'en serait-il d'une alliance fondée sur un feu de paille ? L'amour est la pire illusion du mariage. "Quand une lampe est éteinte, toutes les femmes sont les mêmes", disait ma mère.

Ce qui lui était insupportable c'était l'image d'elle-même que mes yeux lui renverraient désormais comme un miroir.

L'amour rétrécit tout.  On entre dans un tunnel.  On ne voit plus rien sauf là-bas, devant soi, dans la lumière aveuglante, l'objet de son désir.

Elle constatait. Les femmes étaient vouées au malheur.   C'était la loi de Dieu qui a fait le jour et la nuit. Nous étions la nuit.  Si la nuit prétend se mêler au jour, le jour la dévore.

La personne que l'on ne connaît pas en un éclair, on peut s'y frotter cent ans, on ne la connaîtra pas encore.

S'il y a bien une pensée qui m'était étrangère depuis mon mariage, c'était celle de la mort.  J'étais trop occupée à vivre.  Pourtant, chaque jour, la mort monte dans sa barque, elle pousse à la gaffe sur les eaux de la vie, puis elle jette son filet.  Elle ramasse les vieux poissons trop las pour s'échapper et parfois, les jeunes, inconscients du danger


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