lundi 16 septembre 2019

Les guerres intérieures - Valérie Tong Cuong ♥♥♥♥♥

Les guerres intérieures -  Valérie Tong Cuong  ♥♥♥♥♥

Les guerres intérieures

JC Lattès
Parution : le 21 août 2019
Pages : 240
EAN : 9782709661799
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur

Comédien de seconde zone, Pax Monnier a renoncé à ses rêves de gloire, quand son agent l’appelle : un grand réalisateur américain souhaite le rencontrer sans délai. Passé chez lui pour enfiler une veste, des bruits de lutte venus de l’étage supérieur attirent son attention – mais il se persuade que ce n’est rien d’important. À son retour, il apprend qu’un étudiant, Alexis Winckler, a été sauvagement agressé.
Un an plus tard, le comédien fait la connaissance de l’énigmatique Emi Shimizu, et en tombe aussitôt amoureux – ignorant qu’elle est la mère d’Alexis. Bientôt le piège se referme sur Pax, pris dans les tourments de sa culpabilité.
Qui n’a jamais fait preuve de lâcheté ? Quel est le prix à payer ? Quand tout paraît perdu, que peut-on encore sauver ? La domination du désir et de la peur, les vies fantasmées et le dépassement de soi sont au cœur de ce livre fiévreux qui met en scène des personnages d’une humanité bouleversante et vous accompagne longtemps après l’avoir refermé.

Valérie Tong Cuong




Valérie Tong Cuong est romancière ; elle est l’auteur de onze romans, parmi lesquels Noir dehors (Grasset, 2006), L’Atelier des miracles (JC Lattès, 2013, prix Nice Baie des Anges) et Pardonnable, impardonnable (JC Lattès, 2015). Son dernier roman, Par amour (JC Lattès, 2017), a été couronné par de nombreux prix, dont le prix des lecteurs du Livre de Poche.
Son œuvre est traduite en dix-huit langues.

Source JC Lattès



Mon avis


Attention coup de coeur de la rentrée 💖


Pax Monnier est un acteur de seconde zone mais tout peut changer car il vient de recevoir le coup de fil qu'il n'attendait plus. Un grand réalisateur, Peter Sveberg veut le voir pour lui proposer un rôle dans une heure top chrono !


Juste le temps de rentrer chez lui se changer pour arriver à l'heure au rendez-vous qui pourrait changer sa vie.


Rentré chez lui, il entend un cri, des bruits de lutte dans l'appartement du dessus , il hésite à aller voir ce qui se passe, concentré, conditionné par son important rendez-vous. Il s'en va à 16h36 croisant un homme dans l'escalier.


De retour de son audition, il apprend qu'un jeune homme, Alexis Winckler, son voisin, a été violemment tabassé, grièvement blessé, dans le coma.


Une culpabilité le ronge, témoigner ou pas ? Il sera interrogé pourtant et dira qu'il n'a rien entendu de particulier, qu'il n'était pas présent à cette heure-là. Qu'est-ce que cela aurait changé, il n'a rien vu.


Il décide de déménager.


Emi Shimizu est ce qu'on appelle une "half" , elle a les traits asiatiques et est de culture française. elle se sent étrangère où qu'elle vive. Elle travaille aux ressources humaines d'une société de déménagement. Elle est sous pression depuis les deux décès par accident survenus dans son entreprise. Emi souhaiterait organiser une formation aux risques psychosociaux.


C'est dans ce cadre qu'elle rencontre Pax Monnier. L'alchimie se fera et une relation commencera, très vite elle lui parlera de son fils Alexis - il apprendra que celui-ci a perdu la vue de son oeil droit suite à une agression à domicile, mettant fin à son rêve de devenir pilote. Si on était intervenu plus vite, sa vie aurait été tout autre...


Douche froide pour Monnier qui déjà était hanté par cette histoire, sa culpabilité est décuplée, il va devoir vivre avec.


Alexis est terrorisé, il ne veut plus voir personne, ne se souvenant pas de son agresseur. Il le voit partout. Ses rêves se sont écroulés. Pax va essayer de l'aider mais est enfermé dans ce sentiment de culpabilité..


Au départ de cette situation, Valérie Tong Cuong nous décrit à merveille la psychologie de chacun des personnages. Elle nous parle des lâchetés ordinaires. De ces petites choses qui nous concernent tous, qui de nous n'en a jamais été acteur ? Nous sommes tous concernés mais le sentiment de culpabilité ne nous ronge que lorsque nous nous rendons compte des conséquences que peuvent avoir ou non nos actes ou notre inertie.


La plume est fluide, captive, sensible, elle nous conduit au plus profond de nous mêmes face à la prise de conscience de nos actes. Elle nous fait ressentir les culpabilités et émotions de chacun. Le récit est remarquable, on est suspendu et surpris jusqu'au terme.


C'est humain, magnifique, un véritable coup de coeur de cette rentrée.


Ma note : ♥♥♥♥♥


Merci à NetGalley et JC Lattès pour cette belle découverte.

Les jolies phrases

Vivre est un risque.

Ce qui me fascine c'est la précarité de l'intermittence qui vont de pair.

Il est apparu dans des productions complaisantes et s'est gâché, oubliant que c'est le rôle qui révèle le talent et non le talent qui fait la force du rôle.  Il a négligé l'importance du désir, qui requiert une combinaison fragile de rareté, de qualité et d'exigence.

Il est la source de son énergie tout comme elle est la sienne.

Certaines traces ne disparaissent jamais tout à fait.

Le collier est serré et la laisse courte, mais le chien est méchant, et pas si bête, il mordra les maîtres avant de crever.

Elle sait construire les forteresses, les barrages, les digues, mais ignore comment libérer les trop-pleins.

Elle possédait une énergie singulière et surprenante pour un être aux racines flottantes, se laissait entamer mais jamais abattre, progressant avec l'horizon en point de mire, ralentissant parfois face aux vent ou aux murs, ajustant son trajet et ses objectifs aux aléas de l'existence.  C'est ce fonctionnement unique qui l'a sauvée de l'abîme, hier comme aujourd'hui.

Une héroïne est courageuse, or elle s'estime guidée selon le cas par la peur, la nécessité, le devoir ou l'amour, mais par le courage, ça non.

Tout bien pesé, il n'était pas pire qu'un autre.  Tout était question d'occasion, cette occasion équilibrerait le monstre sommeillant en chacun de nous.  La lâcheté était peut-être le caractère le mieux partagé dans ce monde : chacun l'expérimentait tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, et s'empressait aussitôt de la dissimuler.

Il est une route traversée d'un ravin sans fond ni pont pour relier les deux rives : celle de la vie d'autrefois et celle de la vie à venir.

De surcroît, cela pourrait consolider un édifice bâti sur un trompe-l'oeil.  Ainsi en va-t-il des rumeurs, plus on additionne les voix qui les chuchotent, plus le faux devient le vrai.

Or la solitude, ce sont des pensées importantes, pleines de sens, c'est la contemplation, le calme, la sagesse.

L'impossibilité de connaître la vérité.  C'est ce qui les tue : savoir que cette vérité existe, mais qu'ils n'y ont pas accès.

Il y a seulement deux poids dans la balance, d'un côté la vérité brute, l'honneur et la chute, de l'autre le confort, la honte et la trahison.

De la même auteure j'ai lu :

Cliquez sur la couverture pour avoir accès au billet

L'atelier des miraclesPardonnable, impardonnable






3 commentaires:

Philippe D a dit…

11 romans et je ne la connais pas !
Un coup de coeur. Je vais m'intéresser de plus près à cette auteure !

De mot brigitte a dit…

Merci! J’ai adore et dévoré ! Auteur (autrice)que je suis et jamais déçue !

argali a dit…

Je suis aussi sous le charme de ce roman et la rencontre avec l'auteure, ce dimanche, n'a fait qu'accentuer les émotions ressenties à la lecture.