Grasset
Parution : 05 février 2020
Pages : 144
Isbn : 9782246821519
Prix : 16 €
Présentation de l'éditeur
Suicide, assassinat, mort accidentelle ? Les circonstances de la mort de Véronique Verbruggen sur un sentier des Cévennes n’auraient pas valu plus de quelques lignes dans la presse si la victime n’avait pas été une éditrice reconnue. Deux hommes s’interrogent et partagent un même chagrin : Daniel Meyer, son mari, ophtalmologue, et Titus Séguier, son amant, cinéaste qui jusqu’au bout aura attendu qu’elle vienne partager sa vie.
Pour Daniel, rien n’est jamais venu troubler les vingt ans de vie commune avec sa femme, qu’il aime indéfectiblement. Quant à Titus, dépossédé de son amour, il hésite entre se taire par respect des convenances ou élever à Véronique un « testament amoureux » cinématographique, en poursuivant le projet entamé avec elle avant sa disparition.
Il y a aussi Mina, la fille de Véronique, vingt et un ans, née d’un premier amour. Trop de sous-entendus, d’indices qui ne trouvent pas leur place dans le puzzle familial… Qui était cette mère dont les tourments se lisaient en filigrane ? Demander des éclaircissements à son beau-père serait si douloureux pour Daniel… Alors Mina remonte la trace de Titus Séguier. Elle découvre la complexité d’une mère écartelée, celle des sentiments, et comprend qu’on ne connait jamais tout à fait cet autre qui nous semblait si proche.
Derrière le vernis des apparences, le portrait bouleversant d’une femme qui ne pouvait pas choisir. Nathalie Skowronek dit avec une grande subtilité les différentes facettes de l’amour et comment si les époques changent, les écartèlements du cœur demeurent.
L'auteur.e
Nathalie Skowronek est née à Bruxelles en 1973. Après une agrégation de lettres, elle travaille dans l’édition puis pendant sept ans dans le prêt-à-porter pour femmes. Elle revient à la littérature en 2004 en créant la collection « La Plume et le Pinceau » pour les éditions Complexe. Elle publie son premier roman, Karen et moi (Arléa, 2011), à trente-sept ans, premier volet d'une trilogie familiale qui nous mène des shtetls de Pologne jusqu'au Sentier en passant par Auschwitz. Suivront Max, en apparence (Arléa, 2013) et Un monde sur mesure (Grasset, 2017). En 2015, elle fait paraître un essai, La Shoah de Monsieur Durand (Gallimard, 2015) en lien avec son histoire. Son prochain roman, La carte des regrets, paraîtra en février 2020 aux éditions Grasset.
Depuis 2016, elle enseigne à l'Atelier des écritures contemporaines de La Cambre/École nationale supérieure des arts visuels. Elle anime également l'atelier d'écriture du club Antonin Artaud, un centre de jour pour adultes souffrant de difficultés psychologiques.
Source : site de l'auteur.e
Mon avis
Véronique Verbruggen est retrouvée sans vie sur un chemin de randonnée dans les Cévennes, près de Finiels. Elle avait 43 ans, était la directrice de la petite maison d'éditions "Les éditeurs du Pont" mettant en avant les artistes oubliés.
Véronique est mariée à Daniel Meyer, un chirurgien ophtalmo, c'est son ancrage, sa famille. Il a élevé Mina, la fille de Véronique née d'un premier amour.
Mais Véronique avait deux amours, la passion c'est avec Titus Séguier, un cinéaste, qu'elle la vivait. Ils s'étaient rencontrés partageant le même intérêt pour Jeroen Herst, peintre flamand originaire de Gand en 1861. C'est près de la maison de Titus que l'on retrouve son corps.
Ce roman, c'est le dilemne, le choix impossible. Véronique ne se résout pas à quitter Daniel et leur relation qui s'éteint, ni à choisir la passion qui brûle avec Titus.
"Elle ouvre la porte pour accueillir Titus, c'est Daniel qui entre. Le contraire : Daniel est à ses côtés, Titus apparaît."
"Partir, c'est tuer l'autre; se répète-t-elle, en se figurant le désastre que représenterait une séparation pour Daniel"
C'est aussi l'amour de la nature, la recherche de soi dans l'oeuvre de cet artiste oublié "Jeroen Herst". Mina, sa fille, va aller à la rencontre des tourments de sa mère, essayer de la comprendre, de trouver les clés.
J'ai beaucoup aimé l'écriture soignée, ciselée de Nathalie Skowronek. Une très jolie plume qui m'a profondément émue. C'est profond, puissant, magnifique.
Ma note : ♥
Les jolies phrases
Car Véronique oscillait entre le trop lointain et le très proche, prenant le large, faisant marche arrière, préparant son retour en même temps qu'elle envoyait les signaux du départ. On devina dans ces mouvements contraires la peur panique de quitter, comme celle d'être quittée, une impossibilité à s'installer pleinement en un seul lieu. Véronique mettait beaucoup d'énergie à se projeter ailleurs : le dedans et le dehors, le repli et l'aventure.
Elle aurait pu mettre fin à une relation qui s'éteint pour en commencer une autre, mais elle s'empêtre dans des élans contraires, des allers-retours coupables, des remords stériles qui engluent et ne résolvent rien. Véronique ne se résout pas à quitter Daniel. Tout ce qu'elle a accompli c'est par lui, sinon avec lui. Sans Daniel, elle ne sait pas. Alors elle revient, incapable de s'éloigner trop longuement du nid. Il est celui qui veille dans l'ombre, maintient l'unité.
L'intimité des couples regarde les couples, dit-on dans les milieux instruits et cultivés. La cécité des uns protège celle des autres.
Partir, c'est tuer l'autre; se répète-t-elle, en se figurant le désastre que représenterait une séparation pour Daniel.
Elle aurait voulu comprendre pourquoi leur mariage résistait là où tant d'autres auraient explosé, comme si la parole avait le pouvoir de tout résoudre. "Ce que l'on ne sait pas ne fait pas de mal" avait coutume de dire son grand-père antiquaire, et la devise n'était pas inutile pour qui fait commerce d'objets aux vies multiples. Avait-il raison ?
D'un côté, il y avait Titus aux aspirations jumelles, de l'autre, Daniel, le solide, le fidèle. Daniel était sa famille, Titus son amour.
Tu sais, Mina, peut-être est-il possible d'aimer deux personnes à la fois ?
Ce qui fait souffrir sert parfois à cacher une autre souffrance, plus grande, moins supportable.
La liberté, on la prend, on ne la reçoit pas.
L'humiliation n'était pas dans la naissance à venir, mais dans l'affirmation du désamour.
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Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'article
Ce roman, c'est le dilemne, le choix impossible. Véronique ne se résout pas à quitter Daniel et leur relation qui s'éteint, ni à choisir la passion qui brûle avec Titus.
"Elle ouvre la porte pour accueillir Titus, c'est Daniel qui entre. Le contraire : Daniel est à ses côtés, Titus apparaît."
"Partir, c'est tuer l'autre; se répète-t-elle, en se figurant le désastre que représenterait une séparation pour Daniel"
C'est aussi l'amour de la nature, la recherche de soi dans l'oeuvre de cet artiste oublié "Jeroen Herst". Mina, sa fille, va aller à la rencontre des tourments de sa mère, essayer de la comprendre, de trouver les clés.
J'ai beaucoup aimé l'écriture soignée, ciselée de Nathalie Skowronek. Une très jolie plume qui m'a profondément émue. C'est profond, puissant, magnifique.
Ma note : ♥
Les jolies phrases
Car Véronique oscillait entre le trop lointain et le très proche, prenant le large, faisant marche arrière, préparant son retour en même temps qu'elle envoyait les signaux du départ. On devina dans ces mouvements contraires la peur panique de quitter, comme celle d'être quittée, une impossibilité à s'installer pleinement en un seul lieu. Véronique mettait beaucoup d'énergie à se projeter ailleurs : le dedans et le dehors, le repli et l'aventure.
Elle aurait pu mettre fin à une relation qui s'éteint pour en commencer une autre, mais elle s'empêtre dans des élans contraires, des allers-retours coupables, des remords stériles qui engluent et ne résolvent rien. Véronique ne se résout pas à quitter Daniel. Tout ce qu'elle a accompli c'est par lui, sinon avec lui. Sans Daniel, elle ne sait pas. Alors elle revient, incapable de s'éloigner trop longuement du nid. Il est celui qui veille dans l'ombre, maintient l'unité.
L'intimité des couples regarde les couples, dit-on dans les milieux instruits et cultivés. La cécité des uns protège celle des autres.
Partir, c'est tuer l'autre; se répète-t-elle, en se figurant le désastre que représenterait une séparation pour Daniel.
Elle aurait voulu comprendre pourquoi leur mariage résistait là où tant d'autres auraient explosé, comme si la parole avait le pouvoir de tout résoudre. "Ce que l'on ne sait pas ne fait pas de mal" avait coutume de dire son grand-père antiquaire, et la devise n'était pas inutile pour qui fait commerce d'objets aux vies multiples. Avait-il raison ?
D'un côté, il y avait Titus aux aspirations jumelles, de l'autre, Daniel, le solide, le fidèle. Daniel était sa famille, Titus son amour.
Tu sais, Mina, peut-être est-il possible d'aimer deux personnes à la fois ?
Ce qui fait souffrir sert parfois à cacher une autre souffrance, plus grande, moins supportable.
La liberté, on la prend, on ne la reçoit pas.
L'humiliation n'était pas dans la naissance à venir, mais dans l'affirmation du désamour.
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1 commentaire:
Encore une découverte pour cette auteure belge. Il y en a bien plus qu'on croit !
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