Le stakhanoviste  -  Philippe Thewissen

Burn-out : enfer ou renaissance

Ker éditions
Parution : 20 novembre 2019
Pages : 266
Isbn : 9782875862624
Prix : 18 €

Présentation de l'éditeur


Cadre dans une des entreprises de conseil les plus prestigieuses d’Europe, tout réussit à Philippe. Professionnellement, il a atteint à moins de quarante ans des sommets que peu de gens connaissent en fin de carrière.

Chaque année, dans son entreprise, les objectifs de vente sont augmentés. La pression est permanente. L’empathie, inexistante. Seuls comptent les résultats, les chiffres, les bénéfices.

Au fil du temps, la vie de Philippe se détricote : addictions, épuisement, anxiété… Au détour d’une visite médicale, le diagnostic est posé : burn-out sévère.

Afin d’échapper à la dépression, il met progressivement en place des mécanismes de défense, des espaces de liberté, renoue avec lui-même comme avec les siens et construit une nouvelle vie. Conscient cette fois de sa fragilité.

Ceci n’est pas un simple livre sur le burn-out, mais un témoignage passionnant, qui aide à comprendre les pièges de la société moderne, des entreprises guidées par le seul chiffre d’affaires, sans considération pour l’aspect humain, parfois jusqu’à la mort. Et surtout, il montre comment rebondir et s’envoler, plutôt que replonger et couler…

Mon avis

Le burn-out, phénomène de société qui nous rend hors service mais aussi l'occasion de se retrouver vraiment soi-même, de se découvrir, et l'occasion d'une véritable renaissance.

Nous sommes dans une société qui veut la course à la performance, à la compétition, ce phénomène ne touchera que les meilleurs, ceux qui ont une conscience professionnelle, les perfectionnistes.

Philippe Thewissen témoigne et partage son expérience.  Il a une occasion professionnelle en or, il rejoint une entreprise de conseil prestigieuse.  Un nouveau challenge ! Il aime cela.  Il veut faire partie des meilleurs.

20 % de croissance nette par an !  Un sacré défi, et cela chaque année sur base d'un portefeuille de clients existants.  Il devra donc à la fois être "farmer" et "hunter", entendez par là, entretenir son portefeuille existant mais aussi le faire grandir, acquérir un certain nombre de nouveaux clients !

Il est enthousiaste, il a des ressources mais très vite, il déchantera se rendant compte qu'il y a très peu d'humain, qu'il faut toujours faire plus en sacrifiant beaucoup, les congés en famille à Noël  par exemple.  Même les incentives difficiles à atteindre pourtant se soldent par une manipulation familiale, l'obligation d'assiter à des réunions bourrage de crâne, un peu comme dans une secte !

Adaptabilité, hyperflexibilité, performance, compétition permanente sont son quotidien.

Petit à petit le stress occupe le terrain, une mauvais alimentation favorisant sucre, chocolat, café noir, plus de temps disponible pour le sport, augmente encore le stress et le besoin de sucre.  Conséquence de tout cela : manque d'énergie, irritabilité; il devient hyper sensible au bruit qu'il ne supporte plus.

A force de donner toujours plus, la déception fera place aux doutes et l'épuisement professionnel grandira jusqu'à l'arrivée d'un burn-out sévère.

L'esprit est toujours actif et l'envie d'entreprendre mais un moment le corps lâche et ne suit plus.

Philippe Thewissen dans son parcours nous montre aussi que le burn-out peut être "une chance à saisir", l'occasion d'enfin apprendre à s'écouter soi-même, de découvrir en soi la capacité à se dépasser pour prendre une autre voie et vivre une renaissance.

Ce récit est intéressant, interpellant.  Il est très agréable à lire, bien documenté.  Une expérience de vie qui nous fait prendre conscience des effets du burn-out qui ne sont heureusement pas tous que négatifs, l'occasion de se réorienter et d'apprendre à se respecter.

Une plume fluide et très agréable.

Ma note : ♥


Les jolies phrases

Dans notre société, il convient d'être un père ou une mère exceptionnel, un partenaire idéal, conjuguant adroitement vie sportive, sociale et culturelle épanouie.  Il ne s'agit plus de simple performance chiffrée, mais d'une compétition permanente et ininterrompue.

Doucement mais sûrement, je verse aux caractéristiques du "bon petit soldat", qui obéit aux ordres sans les remettre en cause.  C'est la technique idéale pour se foutre en l'air.

Au lieu de s'acharner et de dépenser une énergie folle, réfléchissez, reconnaissez vos limites et entourez-vous de ceux qui connaissent le sujet.  C'est une des clés de réussite et de l'équilibre personnel.

Planning changeant sans cesse, objectifs innombrables et toujours impossibles à réaliser, mission évoluant drastiquement au gré des rachats ou des ventes de tout ou partie des activités, les travailleurs s'épuisent à être toujours plus souples et ce sont les familles qui trinquent, quand elles survivent.

Chacun est pressé comme un citron, tout au long de l'année. Ceux qui ne tiennent pas la  distance sont écartés.  Les autres doivent courir plus vite.

Pourquoi ce schéma ne pourrait-il pas être celui de toute l'année ?  Pourquoi est-il nécessaire d'appliquer une pression incessante pour atteindre des objectifs toujours plus hauts ?  Depuis Icare, nous savons qu'on s'y brûle les ailes.

On ne sort jamais plus fort d'un burn-out.  C'est une épreuve dans laquelle vous êtes arrivé parce que vous pensiez être très fort, ce que vous étiez probablement.  Mais vous êtes tombé sur un os bien coriace.  Ils vous ont cassé.  Si vous pensez repartir fort, vous allez vous reprendre le mur et on se revoit dans quelques années. Si vous voulez vous en sortir, c'est en étant consciemment plus fragile.  Plus faible, mais plus malin, plus intelligent.  Averti.  Pour ne pas retomber dans les mêmes travers.


Si je veux m'en sortir, je dois tuer Superman et rester Clark Kent avec ses qualités et ses défauts. L'expérience en plus.

Il est impossible de créer de la croissance infiniment dans un monde qui contient et utilise des ressources limitées.  Mis à part le soleil et le vent, toutes les ressources terrestres ont une fin.  Le pétrole, l'eau, l'air, le bois, le règne animal, le végétal.  Tous ont des limites, mais l'espèce humaine, la modernité mondialisée, tend à les épuiser à grande vitesse.

L'ego peut à ce point déplacer vos priorités qu'il est capable de vous rendre aveugle envers une partie du monde professionnel pourtant terriblement attachante et à qui une expertise peut apporter énormément de valeur.

Les solutions sont en chacun de nous.  Elles ne demandent qu'à éclore.  Elles seront aussi belles que les personnes qui les ont créées.