samedi 11 avril 2020

Venus Poetica - Lisette Lombé ♥

Venus Poetica  -  Lisette Lombé ♥



Les éditeurs singuliers
L'arbre à paroles
If
Parution : 15/02/20
Pages : 70
Isbn : 9782874066931
Prix : 12 €

Présentation de l'éditeur

Elle est noire. La quarantaine. Féline divine. Puissante. Elle gueule. Cri de femme. Femme-enfant. Femme-mère. Femme fatale. Femme aux mots qui percent. Acérés. Lisette Lombé – du moins son héroïne – dévoile son cul, sa dentelle, ses fantasmes. Sans pudeur. Une Vénus ardente dans sa cité, une chatte brûlante et moite qui raconte ses quarante années. Son corps de femme. Les doigts qui effleurent, les doigts qui serrent, les doigts qui montrent, les doigts qui écrivent, les doigts qui pleurent à poings fermés. Et tu te retrouves, toi, dans cette danse syncopée, dans ces couvertures souillées de soir d’été, dans ces fantasmes inavoués, dans ce corps blessé de machine à téter, dans ces ébats cachés de puberté. Ce livre, c’est l’histoire de toutes les femmes. De tous les clitoris de la Terre.
— Nastasja Canevé

Mon avis

C'est un court premier roman que nous propose Lisette Lombé, une artiste belgo-congolaise née en 1978.

Venus Poetica m'a happée par une écriture cash, fluide, poétique, rythmée.

C'est la vie d'une femme, de sa naissance à la quarantaine.  Sa vie que dis-je, non sa sexualité, ses sexualités, du moins l'approche de celles-ci.

C'est l'histoire de son corps, de sa féminité.

Cela commence aux 9 ans de l'héroïne d'origine africaine, d'un mot d'amour à un garçon blond, qui lui n'aime pas les noirs...  La découverte précoce du racisme !

Devenir femme, être obsédée par son corps de fillette qui tardera à se transformer, à devenir femme. Découverte des plaisirs solitaires ou collectifs.

Elle nous parle de toutes ses expériences, de ses fantasmes, mais aussi du vernis social, racial, de la place de la femme.

Un récit érotique, mais aussi social, féministe .

Ce sont des petits paragraphes, des instantanés de la vie qui s'enchaînent pour former un très beau récit.

J'ai beaucoup aimé cette plume franche et directe que je vous recommande.

Ma note :  9/10


Les jolies phrases

Ta petite soeur et toi, vous utilisiez un langage codé pour ne pas que votre frère vous comprenne.  Le sexe de l'homme, c'est un pull.  Le sexe de la femme, une garde-robe.  Tu demandes à ta petite soeur comment on sait qu'un pull n'est pas trop grand pour entrer dans une garde-robe et si un pull trop grand peut casser la porte d'une garde-robe.  Votre frère rit et dit: C'est un pull géant, ton pull ?

Porter un kimono, est-ce la manière dont les puceaux se donnent du courage ?

Tu consommes mais tu ne veux pas qu'on sache que tu consommes, tu es cramée à l'intérieur, triste, mais tu persistes à afficher la meuf libre et libérée.  Vernis social.

Entrer dans une salle et t'apercevoir que tu es la seule personne noire.  Femme noire.  Ruche blanche. Radar? Radiographie instantanée.  Réflexe des filles de l'ancêtre-gibier.  Calculs d'apothicaire.  Combien de ta couleur? Qui dresse les tables ? Qui sert ? Qui garde les entrées et les sorties de la fête ?  Qui nettoie les merdes et les miettes ? Qui repasse après les invités ? Qui sont ces petits shérifs qui pullulent et polluent ta solitude nègre ?  Ils te disent, tous ces petits shérifs, ils te disent sans te dire, que les corps blancs et les corps noirs ne devraient pas se mélanger, que les vieux corps et les jeunes corps ne devraient pas se mélanger, que les corps riches et les corps pauvres ne devraient pas se mélanger, que les corps qui marchent et les corps qui rampent ne devraient pas se mélanger.

Tu brûles plus pour le centimètre qui sépare ton corps du corps de cet homme, dans le noir de cette salle de cinéma, que pour cet homme lui-même.  Tu es amoureuse du moment, de l'idée de baise, amoureuse des interstices dans lesquels ton désir tourne fou.  Tu as besoin de ce centimètre, besoin de ce vertige, de cette douleur, de cette incertitude.  Ton écriture aussi en a besoin.  Surtout ton écriture.


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