dimanche 20 juin 2021

Un le matin, un le soir - Brigitte Peeters ♥♥♥♥♥

 Un le matin, Un le soir - Brigitte Peeters  ♥♥♥♥♥










Académia
Collection : Evasion
Parution : 19 avril 2021
Pages : 230
Isbn : 9782806105905
Prix : 20 €


Présentation de l'éditeur

Pour fuir un mari infidèle, Victoire accepte de remplacer Hubert, le pharmacien du village de son enfance.

Une nouvelle vie se reconstruit au rythme du quotidien où se croisent Clovis, le petit-fils d'Hubert, Marius, un électricien particulièrement attentionné, et les clients qui révèlent leurs blessures, leurs fêlures, leurs manies. La boîte à livres accolée à l'officine se révèle intrigante, entre les billets que lui laisse un admirateur inconnu et le journal intime écrit en 1943 par une jeune fille de quinze ans, séduite par un soldat allemand. Le destin d'une femme peut-il bouleverser celui d'une autre ?
Un le matin, un le soir est l'histoire de la réinvention d'une femme entre présent et passé, drames et passions, racontée avec humour et tendresse.


L'auteure













Passion pour la lecture: de Oui-Oui au Petit Nicolas


Si Oui-Oui, le club des Cinq et Fantômette ont constitué les premières lectures de ma vie. J’ai ressenti mon premier frisson littéraire à la découverte des aventures du Petit Nicolas de Sempé et Goscinny.

J’ai rêvé d’écrire une suite mais, cette fois, avec comme héroïne, une petite fille aux longues couettes. Celle que les garçons de la classe traumatisent avec des araignées ou des crapauds mais qui reçoit de doux messages dans les rangs de l’école.

De la pilule à la virgule, mon parcours en résumé!


La passion de la lecture a gonflé de couleurs mon adolescence entre gris clair et soleil foncé. J’ai lu tout ce que je trouvais. Des romans de gare, des romans à l’eau de rose, Autant en emporte le vent, Flaubert, Orwell, Balzac, Gaston Lagaffe, Soljenitsyne, Françoise Sagan, Gottlieb, Christine Arnothy et Gilbert Cesbron… Je voulais suivre l’exemple de Jo March, la fille écrivaine du Docteur March.

Je n’ai pas suivi le parcours de Jo March, je suis devenue pharmacienne.

J’ai travaillé en officine, fait de la recherche, donné des cours de sciences, bossé longtemps dans une grosse firme pharmaceutique, dans une institution aussi. La boucle est bouclée!

J’ai écrit un roman, j’en écris un deuxième, j’ai une idée pour le troisième ! Ecrire ça s’apprend, ça s’entretient, ça s’augmente. Je suis une apprentie permanente!


Mon avis

C'est le premier roman d'une auteur brabançonne, une voisine en somme et c'est une réussite !

Si vous cherchez un roman qui vous sort de la morosité ambiante et vous donne le sourire et la pèche, ne cherchez plus, c'est celui-ci qu'il vous faut découvrir.

C'est frais, pétillant, cela vous tient en haleine et nous parle d'un passage assez méconnu de notre Histoire.

Victoire est pharmacienne de formation, mariée à John depuis vingt ans.  Elle embrasse avec brio une carrière de manager dans une multinationale, vit dans le luxe et le raffinement.  En apparence, elle a tout pour être heureuse, en apparence seulement car un grand vide l'habite, il n'y a pas d'enfant, juste le drame de sa vie Joséphine qui n'a fait que paraître queques jours dans sa vie.

Lorsqu'elle découvre par hasard, son mari en compagnie d'une jeune femme elle n'hésite pas une seconde et décide de tout quitter, de changer de vie, de changer d'air.

C'est comme ça qu'elle se présente à Colomby, le village de son enfance, pour assurer un interim dans la pharmacie d'Hubert Smits qui suite à une vilaine chute et une opération de la hanche doit d'abord penser à se soigner.

Hubert habite au dessus de la pharmacie avec son petit-fils Clovis - dix ans - orphelin de ses deux parents depuis l'âge de quatre ans.  C'est une tête rousse ébourriffée, dynamique que rencontre Victoire.

Elle va retrouver un métier qu'elle a quitté vingt ans plus tôt, et c'est là qu'on se rend compte que le métier de pharmacienne est un travail qui crée des liens , des contacts, un travail qui n'est pas de tout repos.

À côté de la pharmacie, une boîte à livres, qui nous réservera des surprises; une boîte pour communiquer, pour un poète psychopathe, pour transmettre un peu d'histoire avec le carnet de Constance, une cliente de la pharmacie qui lui demandera de le lire.

"J'aime l'idée de combiner les livres et une pharmacie, de mêler les mots et les maux. "

J'ai passé un excellent moment de lecture, on a envie de tourner les pages, c'est addictif.  L'écriture est fluide, agréable, empreinte de bienveillance et de beaucoup d'humour et de bonne humeur.

Au départ ce roman peut sembler un peu "feel good" mais pas que, il y a une vraie intrigue, et il nous parle d'un sujet souvent méconnu "Les lebensborn" , ici on parle du seul existant en France à Lamorlaye dans l'Oise mais il y en avait un chez nous également en Belgique au château de Wégimont.

Ce sont des "pouponnières" "Fontaine de vie" imaginées par Himmler durant la seconde guerre mondiale, imaginées pour créer une race supérieure.  Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, je vous conseille l'excellent récit d'Oscar Lalo "La race des orphelins"

Les thèmes abordés dans ce premier roman sont le changement de vie, le deuil (des parents, du couple, de l'enfant, du travail, de l'amour), la transmission, l'amour maternel et filial.

Je n'ai pas envie de vous en dire plus, si ce n'est de vous prescrire cet excellent roman à lire au moins une heure le matin , une heure le soir mais je suis convaincue qu'une fois entamé vous ne pourrez plus le lâcher.

Ma note : coup de ♥

Les jolies phrases

Ah vieillir ensemble... encore une belle illusion !  Qui a vraiment envie de partager son quotidien déclinant avec un autre vieillard ?  De supporter la décrépitude, la maladie, les rides, les langes pour adultes, la gagaterie, le dentier qui flotte dans un verre à côté du lit.  Les belles choses s'en vont, ne reviendront plus, les moches arrivent, ne repartiront plus.  qui a envie de ça ? À la réflexion, pas moi.

Je ferai le tri de ce fatras, j'aime les choses rangées, classées, claires, précises.  L'ordre autour de moi m'aide à avoir de l'ordre dans ma tête.  Je suis pharmacienne, professionnelle, cartésienne, bien décidée à laisser mes émotions au placard, mes problèmes dans des tiroirs fermés à double tour.

Moins de biens, plus de liens.

J'aime l'idée de combiner les livres et une pharmacie, de mêler les mots et les maux.

La vieillesse, la jeunesse, une notion d'une perpétuelle relativité.  Je suis jeune pour une personne de quatre-vingts ans, mais une créature préhistorique  d'avant l'ère des dinosaures pour un gamin comme Clovis.  Je ne suis ni jeune ni vieille, juste relativement mi-vieille ou mi-jeune, comme le gouda ou le cheddar. À part que je ne pue pas des pieds.

Plus assez d'amour entre nous pour évacuer la souffrance.  Pas assez d'amour entre nous pour reconstruire sur l'indicible. Tellement indicible que nous ne parlions plus. Les gestes de tendresse n'ont pas suffi, les engagements non plus. Le fil élastique distendu, étiré, a lâché. 

Pas toujours facile de vieillir, de perdre peu à peu ce qu'on croyait avoir pour toujours : la jeunesse, l'autonomie, la liberté.

Pour moi, plus rien n'existe, ni frontières, ni guerre, ni couleur d'uniforme, ni langue, rien. Seul subsiste l'amour.

Une famille, ça se construit, plus que ça ne se transmet.  Les deux, à y réfléchir, mais quand on n'a plus le choix, on prend ce qui reste, non ?

L'amour fait mal.  Il vous hérisse l'épiderme, vous cisaille les entrailles, vous fait glisser à la fois dans les orties et les chardons.




2 commentaires:

herve.guillet@sfr.fr a dit…

Merci pour cette belle chronique. Elle donne envie de lire le livre.

Philippe D a dit…

Je ne connais pas du tout, mais ce livre m'attire. Je vais le noter. Merci pour l'info.