jeudi 16 avril 2020

Les fantômes de Théodore - Martine Rouhart ♥♥♥♥♥

Les fantômes de Théodore   -   Martine Rouhart



Murmure des soirs
Parution : mars 2020
Page : 118
ISBN 978-2-930657-60-8
Prix : 16 €

Présentation de l'éditeur

Quels sont ces fantômes qui poussent Théodore à s’absenter du monde, loin des routes agitées, à s’enfermer dans ses pensées ? Personne ne le connaît vraiment. Même pas sa fille Charlie, pourtant si proche, qui partage avec lui tous ses dimanches.
Un beau jour d’été égaré du mois d’avril, elle trouve sa porte close. Sans explication.
Théodore a disparu.

L'auteure

Martine Rouhart

Photo Murmure des Soirs

Martine Rouhart est née à Mons et a mené une carrière de juriste. Donner de la poésie à la vie, voilà ce qui l’a incitée à prendre la plume. Essentiellement romancière, elle publie aussi des nouvelles et des poèmes dans diverses revues. Elle est vice-présidente de l'Association des écrivains belges de langue française.

Dans "Les fantômes de Théodore", son septième roman, nous retrouvons le personnage obscur et lumineux qui avait su toucher bon nombre de lecteurs de "La solitude des étoiles", roman paru chez le même éditeur en 2017.  (mon avis : ici )

Mon avis

Attention pépite ! ♥  Une plume à découvrir absolument, un petit roman magnifique. ♥

Charlie a l'habitude de rendre une visite dominicale à son papa Théodore.  Ils sont complices ces deux-là, sans se dire grand chose, contemplatifs devant la nature depuis toujours.

Avec Paul, le fils aîné, c'est autre chose !, il y a une incommunicabilité qui s'est installée avec son père.  C'était surtout avec sa maman disparue dix ans plus tôt qu'il avait des affinités, des ressemblances.  Il est avocat, terre à terre et ne comprend pas le besoin de rêveries de sa soeur et de son père Théodore.

C'est compliqué entre eux...

Un dimanche comme les autres, Charlie rend sa visite hebdomadaire mais pas de Théodore, la maison est rangée mais vide, Théodore a disparu.   Cela ne lui ressemble pas.

Inquiète, en colère, elle s'interroge. Connait-on vraiment les gens qu'on aime ?  C'est vrai que Théodore ne parle jamais de son passé, a toujours été évasif d'avant la rencontre avec sa mère ?  C'était quoi sa vie avant ? 

Nostalgique, elle repense à son passé et replonge dans ses souvenirs d'enfance attendant qu'il revienne.  

Presqu'une semaine plus tard, Théodore rentre chez lui, les yeux cernés et fatigués.  Il finira par lui expliquer la rencontre avec Kamal, un jeune blessé soudanais sans papier. Il veut l'aider.

"Parfois les choix ne se posent pas, ils s'imposent"

C'est un court roman polyphonique donnant la voix alternativement à Théodore, Charlie et Paul.  Un roman fluide et très bien construit.  Une écriture qui nous tient en haleine, les mots sont pesés, finement choisis, aiguisés.  C'est poétique, tout en douceur, en retenue que Martine Rouhart nous parle au plus près de l'intime et des sentiments.

Un récit qui nous parle de l'incommunicabilité, des souffrances des sans papier, de la honte, de la culpabilité, du poids des secrets, mais aussi de renaissance, de rédemption, de la richesse des rencontres.

C'est un vrai bijou.  Une écriture qui touche en plein coeur.  Il fait écho au roman précédent "La solitude des étoiles" mais il n'est pas obligatoire de l'avoir lu au préalable pour passer un bon moment.

C'est un immense coup de coeur ♥♥♥♥♥

Les jolies phrases

...les relations entre frères et soeurs sont un mystère; que les liens du sang sont ce qu'il y a de plus fort, de plus étroitement tressés, frères et soeurs étant issus du même ventre, autant de morceaux d'un même corps.  Mais ces liens sont aussi bien fragiles.

On écrit notre existence à notre insu, jour après jour on l'éparpille autour de soi.  Aux autres de savoir lire, décrypter les messages.  Après, qu'en reste-t-il ?  Une poignée de riens.  En fin de compte on met toute une vie à remplir des armoires qui seront  plus tard vidées sans état d'âme par les héritiers; une vie entière remisée dans des caisses et des sacs en plastique.

Ce n'est pas parce qu'on ne comprend pas les choses, qu'elles n'existent pas.

Dans la vie on ne recolle rien, après chaque épreuve on devient quelqu'un d'autre à réapprivoiser.  On naît d'innombrables fois, plus vrai, plus dépouillé.

Au fond, quand on se bat contre soi-même, l'on ne fait souvent que s'égratigner.  On va où nos propres lueurs nous mènent, pas beaucoup plus loin.

Ce que l'on appelle hasard, n'est-ce pas l'appel de ce qui n'est pas encore et vers quoi nous marchons?

Le soi qu'on habite est si fragile que l'on clôt parfois portes et fenêtres et puis, un jour, on entrouve le bunker...

Une lueur se dilue au fond de ses yeux et le voilà parti... ne laissant que la fixité de son regard sur l'invisible.  Une marée l'emporte au loin, il faut attendre le ressac.

L'on n'échappe pas facilement à sa propre histoire ; otage de son passé, on l'emmène partout avec soi quand on voudrait s'en éloigner.

La vie est un pas de danse, hésitant, incertain.  Tant de choses peuvent basculer à tout moment d'un côté ou de l'autre.

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1 commentaire:

Philippe D a dit…

J'aime beaucoup la plume de Martine. Je l'ai lu avec grand plaisir ainsi que le précédent.
Je lis chaque soir ses petits poèmes sur FB et j'aime ça !
Bon weekend.