mercredi 16 mars 2022

Qu'importe la couleur du ciel - Valérie Cohen ♥♥♥♥♥

Qu'importe la couleur du ciel    -   Valérie Cohen  ♥♥♥♥♥



 
















Flammarion
Parution : 16 mars 2022
Pages : 368
ISBN : 9782080239617
Prix : 21 €



Présentation de l'éditeur

Et si les arbres généalogiques comportaient une case pour les amis de toujours, les amours défuntes, les maîtres à penser, les sauveurs ? À quoi ressemblerait le vôtre ?
Sybille, indéniablement, y placerait sa famille de cœur, n’ayant pu donner la vie. Elle cultive avec sa meilleure amie Gisèle une complicité depuis plus de cinquante ans, et c’est dans sa maison ardennaise qu’elle se réjouit de fêter son anniversaire auprès de ses proches. C’était sans compter sur les révélations de Mila, la petite-fille de Gisèle. La jeune femme, par jeu, a eu recours à un test ADN dont les résultats viennent réveiller un passé trop longtemps tu et bousculer une légende familiale parcellaire.
Des êtres unis par la transmission des secrets de famille et qui ont choisi de passer outre, pour se reconstruire. D’autres qui refusent d’être emprisonnés dans des silences.
Vitale et mortelle à la fois, organisme vivant aux multiples facettes, la famille est un joli parterre de ronces.


L'auteure




















Photo Éric Matheron-Balaÿ © Flammarion

Valérie Cohen est née et vit à Bruxelles. Juriste, elle se consacre désormais à l'écriture et tente d'apporter, avec humour et tendresse, de la lumière sur nos ombres. En nous rappelant que le destin est une construction en perpétuel mouvement.


Mon avis


C’est un roman magnifique que nous propose Valérie Cohen. Un roman construit comme un thriller où petit à petit des tiroirs vont s’ouvrir et délivrer leur secrets.

La famille, les racines, la filiation… tout un programme !

« Vitale et mortelle à la fois, organisme vivant aux multiples facettes, la famille est un jolie parterre de ronces. "

Le lecteur va s’agripper à un fil et petit à petit, la toile va se tisser nous livrant un arbre généalogique et les secrets de famille enfouis au plus profond.


Il suffira d’un élément pour troubler la quiétude familiale, un test ADN fait par jeu par Mila, la petite fille de Barbara et petite fille de Gisèle, la meilleure amie de Sybille depuis plus de cinquante ans.

Que de femmes, qui sont-elles ? Trois générations qui se sont forgées sans homme ou presque.

Qu’est-ce qui les unit ?  Un arbre généalogique à faire ? des non-dits ?

Et si en plus des liens du sang, si on pouvait ajouter l’amitié, le composer en ajoutant des amis, une famille de cœur ? A quoi ressemblerait notre arbre ?

C’est avec une grande dextérité, beaucoup de sensibilité, de tendresse et de bienveillance que Valérie Cohen nous interroge sur la famille, la filiation, les mensonges en héritage. Elle s’interroge comme toujours sur les zones d’ombre qui nous façonnent avec amour, douceur, regret, silence.

La transmission ou non des secrets nous forge-t-elle autrement ? C 'est aussi ce qui nous construit, un'est un hommage à nos parents, à nos racines.

La famille pas toujours simple à comprendre, on ne l’a pas choisie et pourtant elle nous façonne parfois à notre insu..


Peut-on vivre sans filiation ? Mieux vaut-il transmettre le mensonge ou le silence ?


Ce sont des sujets que Valérie Cohen essaie de mettre en lumière, elle explore comme souvent le tréfonds de l’âme humaine à travers ses personnages et nous propose un très beau voyage.


Quelques jours après avoir refermé ce roman, Mila, Sybille, Barbara, Gisèle et Noémie m’accompagnent encore.



Les jolies phrases

Le temps n'anesthésie pas toutes les peines et la sienne devient brûlante.

Donner la vie est le seul voyage pour lequel aucun retour ne doit être acheté.

Touchée, Sybille perçoit, à défaut de le connaître, ce cordon ombilical invisible unissant toutes les femmes qui donnent la vie : déesses épuisées, elles dorment comme des guérrières, d'un sommeil fragile et parcellaire, pour éviter que le sort ne s'approche trop près de sa nouvelle proie, les yeux clos rivés sur le berceau à leur côté, prêtes à bondir au moindre gémissement de leur poupon. 

On peut donner deux choses à ses enfants : des racines et des ailes.  Les racines, c'est mon boulot, alors tu m'accompagnes à la synagogue.  Les ailes, c'est pour tes parents.

La terre, comme une famille, porte en elle les germes de demain.  Elle doit être nourrie, veillée, ensemencée, célébrée.  Les récoltes ne sont pas dues, elles se méritent.  

L'ordre n'a aucun sens dans une vie.  Il est rassurant mais inutile.

Certains lieux font partie de nous, même lorsque nous les désertons.

Et vous en pensez quoi, vous de la famille... lieu de guérison ou lieu de souffrance ?

La vraie liberté est d'aimer l'autre par choix, peu importe le degré de parenté éventuel que l'on a avec lui ou son histoire. 

La vérité, ça n'existe quand même pas puisque chacun à la sienne.

Peu lui importe d'être croyante ou non, sa judéité ne s'embarrase pas d'une telle question.

Une filiation sans fils, c'était un peu comme une ruche sans reine.

Ainsi donc est faite la vie : chaque corde dénouée se referme sur un noeud plus solide encore.

Mais Sybille ne vaut pas mieux que son amie.  Complice d'un même délit, celui de draper le passé de silence et d'espérer qu'il disparaisse avec soi.

Mais un père sans amour est-il un père ?

Car si la vie est un champ de bataille, leur amitié est sa plus jolie victoire sur l'ennemi.

Pourquoi les arbres généalogiques ne comportent-ils pas une case pour les amis de toujours, les amours défuntes et les amants, les personnes qu'on aurait adoré avoir dans sa lignée, les maîtres à penser, les sauveurs ? Les rencontres providentielles.  Les complices choisis, peu importe qu'ils soient du premier ou du quinzième degré.  Aucune place dans un tronc familial pour les choix du coeur. Les cadeaux de l'existence.  Les oubliés de l'arbre.

L'âge est l'arme fatale qu'elle ne peut esquiver.  Un couteau tranchant destiné à blesser les chairs les plus tendres.  Il la projette dans hier en l'empêchant de pouvoir imaginer demain. 

La vie n'était-elle pas une mascarade où chacun essayait le costume d'un autre dans l'espoir d'un jour, peut-être, trouver le sien ?  

Comment aimer ce qui nous est nécessaire et nous blesse à la fois ?  Comment trouver la juste distance pour se donner sans être prise ? 

Chaque histoire recèle des portes aux charnières rouillées et les ouvrir ne libère pas tous les fantômes.  

Consciente que l'on ne choisit pas l'époque où l'on naît, ses parents, ses épreuves.  Aucun homme ne peut être seul détenteur de son histoire.  

Le titre de père se gagne-t-il à coups de spermatozoïdes bien ciblés ou au poids des bonheurs légués ?

L'amitié est un peu comme une veste élimée dont on peine à se défaire tant on s'y sent bien.  Peu importe le bouton manquant, elle reste une pièce essentielle de la garde-robe.  


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1 commentaire:

Jacqueline a dit…

J’ai beaucoup aimé ce roman ...