vendredi 18 avril 2025

Le don du père - Giuseppe Santoliquido ♥♥♥♥♥

 Le don du père -  Giuseppe Santoliquido  ♥♥♥♥♥








Gallimard
La Blanche
Parution : 03/04/2025
Pages : 208
Isbn : 9782073101327
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur


« À l’âge où les questions affluent sur les choix et la liberté, certaines choses ne vous échappent pas, et notamment que très tôt, dans la vie, il peut être déjà trop tard. »

Alors que son père vit ses derniers jours, l’auteur interroge le destin de cet homme qu’il percevait comme faible et auquel, dans l’arrogance de sa jeunesse, il ne voulait surtout pas ressembler. L’histoire de ce père, c’est celle d’un Italien arrivé très jeune en Belgique et devenu mécanicien à contrecœur, alors qu’il rêvait d’être avocat. Marqué du sceau de la fatalité, son parcours fut fait d’une série de déroutes succédant à de brèves périodes de lumière. Et pourtant, à l’heure des choix, il mit son garage en péril pour que son fils suive sa propre voie, celle des lettres, témoignant d’une abnégation dont celui-ci ne mesura la portée que bien plus tard.
En retraçant les trajectoires croisées d’un père et d’un fils que l’incompréhension a longtemps séparés, Giuseppe Santoliquido signe un récit filial d’une grande force poétique, explorant avec grâce les questions de l’exil, de la culpabilité et du pardon.


Mon avis

C'est un magnifique récit, hommage au père que nous propose Giuseppe Santoliquido.  Un jour en rentrant d'une rencontre avec des étudiants, lui est apparu l'image de son père, son rêve d'avocat avorté pour être mécanicien, un métier qui l'a usé, qui l'a tué.  

En effet, usé par le travail, par les émanations toxiques, son père a les poumons noircis, le verdict est pessimiste. Il y a la peur de la mort, la force de la mère ne pas se laisser abattre, manger, continuer.  Giuseppe sera plus présent.  Il va commencer à écrire, une façon de se rapprocher du père, de lui rendre tout ce que celui-ci lui a donné.  

"Ecrire pour lui faire face, lui tenir la main. Tels devaient être mon tribut, ma gratitude."

Le fils nous raconte l'histoire de la famille, à Gallinaro, village natal en Italie, des journaliers travaillant durement la terre, le grand-père qui fait le voyage en Belgique, mineur à Seraing. La naissance de Gerardo (le père) très vite premier de classe , il lit énormément, veut devenir avocat, il a les capacités mais rien à faire son père a tranché, il a trois enfants, ce seront trois manuels par souci de justice, il ne peut offrir des études à chacun.  

Tout bascule alors pour Gerardo qui voit ses rêves muselés, c'est le renoncement originel, il va arrêter ses études, écouter son père et travailler dans un petit garage, pas par goût, non du tout.

Petit à petit, je me suis résigné.  Je me suis fait à l'idée que les enfants de pauvres ne peuvent nourrir de rêves trop chers.

Il va progresser dans une profession qu'il n'aime pas.  Il travaille, on le paie.  La Belgique est pour lui une possibilité de construire un avenir.

Giuseppe n'a pas peur de se dévoiler, de parler de ses études compliquées, lui le fils , pour qui son père, se sacrifie pour lui donner le meilleur.  Il nous parle d'une dépression soignée en travaillant avec son père.  Un père qu'il regardait à l'époque parfois avec honte car il n'avait pas toujours assez d'ambition à ses yeux.  Aujourd'hui il exprime la honte de sa honte et tout l'amour porté au père.

Ce récit très personnel parle aussi de l'exil, de l'ancrage, de son pays la Belgique après un retour manqué à Gallinaro mais aussi de la douleur du renoncement, de la camisole sociale et d'amour.  L'amour inconditionnel du père à son fils pour qui il sacrifie tout pour lui permettre d'évoluer, lui donner ce qu'il n'a pas reçu.  

L'écriture est bien entendu magnifique. La plume est fluide, sensorielle, poétique.  On ressent l'amour, la gratitude, un très beau témoignage d'amour.   

Un récit intime mais aussi universel.  Superbe ♥

Gros coup de ♥

Les jolies phrases

On tient.  Le courage, c'est d'aller de l'avant coûte que coûte.  Jusqu'au bout. 

Ecrire pour lui faire face, lui tenir la main.  Tels devaient être mon tribut, ma gratitude.

Petit à petit, je me suis résigné.  Je me suis fait à l'idée que les enfants de pauvres ne peuvent nourrir de rêves trop chers.

Le métier de vivre consiste à trouver les chemins pour avancer, encore et toujours.  L'absence de chemin est le manque de tout, l'accès à la disgrâce.

C'est en écrivant, bien plus tard, que s'est enraciné en moi une sorte de pays d'encre, où les champs ensoleillés prolongent les hauts-fourneaux, où les vignes et les oliviers, perchés sur des terrils, dominent le temps et aussi la mort.  Un pays éprouvé spirituellement, à la croisée de mes influences, où mon cœur, comme placé face à un miroir, s'est retrouvé tel qu'il était.  Depuis lors, c'est là que je me tiens. 

L'essentiel c'est de suivre ses rêves.

Je pense que l'espoir, parfois, est un mirage qui se détache de nos peurs. 

La beauté, parfois, ça peut tuer plus que la mort.  Le soleil, là-bas, il ne nous a pas beaucoup réchauffés.  Ici le ciel est gris, c'est vrai, mais on nous a tendu la main.  Pour la première fois, on n'était plus des miséreux, des insignifiants.  

Ce n'est pas la récolte qui est la récompense, mais la possibilité de semer. 

Quand on survit à un suicidé, c'est comme s'il subsistait en nous une zone éteinte, inanimée. 

Quand on n'est pas heureux, il n'y a que deux façons de s'en sortir. Soit on se révolte, soit on se résigne. La pire des solutions, c'est de mener deux vies en même temps, une que l'on vit comme un vivant qui serait déjà mort, et l'autre, la vraie, qu'on aimerait vivre mais qu'on ne vit pas. 


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