Celle qui dérange Eva Kopp
The Menthol House
Parution : 1er février 2021
Mon avis
C'est un vibrant hommage aux personnes travaillant dans les maisons de retraite que nous propose Eva Kopp dans son second roman mais pas que...
C'est l'histoire d'Héloïse, 35 ans, célibataire assez volage. Elle ne veut pas s'attacher c'est certain. Investie dans son travail, aimant les rencontres via Meetic pour le sexe. Elle recherche avant tout consciemment ou non l'image du père, des types proches de la soixantaine.
Sportive, elle fait son running le long de la Garonne. Un jour, un homme au polo rouge flotte à la surface, un paquet de cigarettes dépassant de sa poche. À partir de là, rien ne va plus pour Héloïse, un traumatisme remonte lui aussi à la surface !
Son père les a quittées sa mère et elle lorsqu'elle avait six ans. Il est parti chercher des cigarettes et n'est jamais revenu.
Depuis le polo rouge, Héloïse va être obsédée par ce père, elle va utiliser les réseaux sociaux pour le retrouver, s'en rapprocher, elle va essuyer des refus mais c'est plus fort qu'elle, elle veut par n'importe quel moyen le voir , cela la ronge alors elles sombre peu à peu , se raccroche au sexe et à Meetic, non sans danger.
Un récit qui se construit par de courts chapitres, remontant peu à peu le temps pour comprendre ce qui s'est passé. L'écriture est simple, fluide, moderne.
Eva Kopp traite des sujets actuels en filigrane comme les dangers de l'utilisation des réseaux sociaux, en particulier des sites de rencontres, des arguments bateaux servis par les mecs qui s'y trouvent à la recherche uniquement de sexe, non bien entendu ils ne sont pas mariés, ben voyons étrange la marque au doigt, les horaires et lieux de rencontres proposés... Elle parle aussi du traumatisme de l'abandon, de la confiance à retrouver pour reconstruire une relation après une si longue absence.
Elle nous parle aussi de confiance, d'amour à divers degrés mais aussi et surtout de la vie dans les (epad) maisons de retraite, des conditions difficiles pour le personnel mais aussi pour les pensionnaires qui souffrent du manque d'effectif, de manque de temps qui leur est consacré, des réductions de coûts qui se traduisent par un comfort minimum, couches comptées, temps des repas restreints, etc..
Pas simple de se sentir digne, d'être traité de façon humaine, sans avoir du temps pour être considéré, écouté. Elle met en lumière les conditions difficiles de ce secteur, apporte de l'humanité bien rare grâce au personnage d'Héloïse.
Un second roman réussi, une plume qui prend de l'assurance , une auteure à suivre.
Les jolies phrases
Le sourire est un équilibriste entre leurs regards.
La voix a gravi l'Everest des aigus. La panique l'a fait sortir du chemin de fer des cordes vocales. La voix déraille comme la vie de famille.
Héloïse a repris le sport. C'était nécessaire, une hygiène de vie. C'était cela où elle refaisait des crises de boulimie. Vider les placards jusqu'à en avoir mal au ventre. Remplir ce vide, ce gouffre sans fin et se sentir moins que rien après.
Reste prudente ma belle. Les princes n'existent qu'au rayon biscuits, tu le sais.
Tout le monde joue Barbara mais certains ne savent pas qu'ils sont les pions.
Celles qu'elle ne voit jamais et qui débarquent deux fois l'an, prêtes à en découdre avec leur sentiment de culpabilité . Le coupable devient alors le soignant, peu importe lequel. Le coupable est toujours l'autre.
Héloïse sait que la confiance des pensionnaires naît dans ces moments là. Dans cette négociation entre la pudeur et l'intimité crue des corps trop fatigués pour l'hygiène.
Là où il y a le désir de plaisir, il y a de la vie.
Du même auteur j'ai lu
Cliquez sur la couverture pour avoir accès à l'article
1 commentaire:
Je ne connais pas, mais tu donnes envie de lire ce livre !
Bonne semaine.
Enregistrer un commentaire