Okuribi - Renvoyer les morts Hiroki Takahashi
Belfond
Traduction : Miyako SLOCOMBE
Parution : 01/10/2020
Pages : 128
Isbn : 9782714486455
Prix : 20 €
Présentation de l'éditeur
Par le lauréat du prestigieux prix Akutagawa, un roman impressionnant dans la lignée de Battle Royale. Entre lyrisme et violence, une œuvre glaçante et hypnotique sur la psyché adolescente, dans un Japon inattendu, loin des clichés.
Au début, Ayumu a cru à des jeux innocents. Des moqueries, des mises au défi, des vols de babioles dans les magasins. D’autant que, pour lui, l’étranger venu de la grande ville, c’était un bon moyen de s’intégrer parmi ses nouveaux camarades dans ce petit lycée de province.
Et puis Ayumu a commencé à remarquer. Les humiliations, les punitions, les coups, tous dirigés vers le doux Minoru.
Alors Ayumu s’est interrogé : que faire ? Intervenir ? Fermer les yeux ? Risquer de se mettre les autres à dos ? Ne rien faire ?
Et l’Okuribi est arrivé, la fête des Morts. Et tout a basculé…
Mon avis
Okuribi est le premier roman de Hiroki Takahashi à être publié en français. Il a été traduit par Miyako Slocombe. Ce court roman a obtenu le prix le plus prestigieux au Japon, le prix Akutagawa.
Ayumu est adolescent en troisième année au collège. Venant de Tokyo, il est habitué aux changements, sa famille suivant les mutations professionnelles de son père. Ils arrivent dans le Nord, dans le petit village rural de Hirakama comprenant une station service et un bain public. Le changement est énorme pour Ayumu. Ils sont dans une région agricole entourée de rizières, de la rivière et des montagnes.
Au lycée, ils sont au nombre de douze en troisième, six filles et six garçons. De ce fait Ayumu ne peut ignorer ses camarades de classe dont Akira, le meneur de la bande qui n'a pas bonne réputation depuis l'incident de l'an dernier.
Ayumu vient d'être élu délégué de classe, il va s'intégrer dans le groupe mais un malaise s'installe par rapport à Akira, celui-ci ira croissant lorsqu'il se rendra compte que Minoru est souvent victime de leurs jeux. Hasard, coïncidences ou jeux pipés ?
En effet la question se pose car pour toutes leurs activités, ce sont les cartes et le jeu de Hanafuda qui déterminent qui subira l'épreuve. Les jeux sont de plus en plus cruels passant du vol d'un couteau à l'étalage, à des expériences de plus en plus violentes.
Face à cette violence on retrouve beaucoup de poésie dans la description de la nature et des traditions ancestrales. L'action se passe en partie pendant les "Matsuris" de l'Obon, la fête des morts qui préconise le retour sur les terres ancestrales, c'est la période du 15 août où l'on suspend et allume des lanternes vers les sanctuaires pour permettre aux esprits de retrouver leurs proches.
Ce récit à la plume épurée, sobre, au ton sec mais également poétique nous montre à merveille la dichotomie du japonais entre traditions et introspection. Ayumu voit la violence déployée par Akira contre Minoru mais ne parvient pas à réagir, il reste en retrait comme l'enseigne sa culture.
L'écriture est douce même lorsqu'elle évoque la violence et l'on sent la tension monter de chapitre en chapitre et l'atmosphère pesante qui s'installe.
Un roman qui nous parle du harcèlement scolaire, de la violence mais aussi de la culture et de la beauté du Japon.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Il leva les yeux : la neige venait des montagnes au nord-ouest, au-delà de la rivière, et semblait descendre en s'écoulant sur le hameau. Des enfants de l'école primaire levaient les yeux au ciel epuis le bord de la route et s'écriaient, excités : Le vent a fleuri ! Le vent a fleuri !Tout en les regardant du coin de l'oeil, Ayumu fut touché par la pauvreté de leur vocabulaire. Mais alors qu'il s'apprêtait à monter la côte qui menait à sa maison, les flocons de neige blancs dans le ciel bleu devinrent aussi gros que des pétales. Ce n'était pas forcément une erreur que de dire "Le vent a fleuri".
Y a des mots qui errent près de temps en temps par ici, alors fais gaffe. Comme Ayumu restait muet, il ajouta :
- Les mots qui errent près des monticules, des carrefours et des ponts, faut pas y tendre l'oreille. Parce que les mots, ils influencent les hommes.
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