mercredi 18 août 2021

Premier sang - Amélie Nothomb ♥♥♥♥♥

 Premier sang   -  Amélie Nothomb   ♥♥♥♥♥





















Albin Michel
Parution : le 18 août 2021
Pages : 180
Isbn : 9782226465382
Prix : 17.90 €

Présentation de l'éditeur



« Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. » Amélie Nothomb



Amélie Nothomb est née à Kobé en 1967. Dès son premier roman Hygiène de l’assassin paru en 1992, elle s’est imposée comme une écrivaine singulière. En 1999, elle obtient avec Stupeur et tremblements le Grand Prix de l’Académie française.

Premier sang est son 30e roman.

Mon avis


C'est le centième manuscrit d'Amélie et son trentième roman publié.  Un roman un peu particulier, différent.  C'est un hommage, un cri d'amour à son père décédé durant la pandémie.  Un père à qui, elle n'a plu dire au-revoir, ni l'accompagner.

C'est un roman émouvant, magnifique, très personnel raconté à la première personne par son père Patrick Nothomb.  Il revient sur un fait historique réel qui s'est soldé le 5 août 1964.


Arrivé pour représenter la Belgique, une semaine avant l'arrivée des rebelles, à Stanleyville (aujourd'hui Kisangani dans la République du Congo).  Patrick Nothomb est jeune consul, il est à peine âgé de 28 ans en 1964.  Il va négocier durant quatre mois avec les rebelles dans ce qui a été la plus grande prise d'otages - 1600 personnes- dont il faisait partie.  Il va par son courage et l'intervention des paras belges permettre de sauver la vie de la majorité des otages.  

Le livre commence a un moment crucial où il a été mis en joue par un peloton d'exécution de 12 soldats.

A ce moment précis, il peut enfin se taire, arrêtant de négocier et en égrennant les secondes, il repense à sa vie qu'il nous raconte.

Une vie difficile qui n'avait pas commencé sous les meilleurs auspices.  Difficile au niveau affectif, orphelin de père à l'âge de huit mois, une mère triste, éplorée, ébranlée par le chagrin qui l'aimant assurément n'a jamais pû être démonstrative de cet amour heureusement remplacé par celui de ses grands-parents maternels qui l'ont élevé.

Arrive la rencontre de la tribu Nothomb, une aristocratie désargentée, une tribu de sauvage courant dans des haillons, crevant de faim au château du Pont d'Oye.  Il découvrira la poésie de son grand-père et malgré la rudesse de ces séjours, une certaine bienveillance.  

Comme à chaque fois, c'est passionnant, l'écriture m'emporte.  Beaucoup d'émotions dans ce roman personnel dont je ne déflore rien d'autre pour vous laisser le plaisir de la découverte.

Pourquoi "Premier sang" ?  me direz-vous ?    Cela coule de source parlant de son père, les autres raisons je vous les laisse découvrir par vous-mème.

Un roman qui parle de filiation, de racines, d'absence et de recherche du père.

Un énorme coup de ♥


Les jolies phrases

Les douze hommes me mettent en joue.  est-ce que je revois ma vie défiler devant moi ?  La seule chose que je ressens est une révolution extraordinaire : je suis vivant.  Chaque moment est sécable à l'infini, la mort ne pourra pas me rejoindre, je plonge dans le noyau dur du présent.

Par la fenêtre, je le vis trotter jusqu'à une dame endimanchée, devant laquelle il exécuta des parades qui ressemblaient aux gonflements du jabot et aux courbettes du pigeon tentant le coup avec une pigeonne.

Rien n'importe autant que la poésie .

La poésie, comme le mauvais temps, les jours fériés ou les soldats de plomb, existait.  Elle était une réalité avec laquelle il fallait composer.

C'est un homme merveilleux, tu sais. Il vit dans une espèce de conte où les femmes sont des princesses qui se nourissentt de rosée et où les enfants sont les frères et soeurs du Petit Poucet.

Je me frayai un chemin parmi ces poèmes escarpés.  J'avais l'impression qu'on me proposait des ascencions trop difficiles. Il n'empêche que je me promis d'escalader ces hauteurs quand je serais alpiniste.

On nous apprend à tous le fameux Carpe Diem.  Nous avons beau l'approuver, nous ne l'appliquons jamais.  A Stanleyville, il m'a été donné de le vivre corps et ême.  De me couvher à terre, sous le ciel, de jubiler de respirer, de sentir l'odeur forte des fientes d'oiseaux, de regarder le réel, d'écouter l'air.
Pourquoi avoir d'autres désirs ?

Tout à l'heure, j'ai déploré de mourir en pleine santé.  Maintenant, je trouve bon de mourir ainsi.  Je vais pouvoir vivre la mort à fond, l'embrasser de ma jeunesse.  J'ai enfin atteint l'état espéré : l'acceptation.  Mieux : l'amour du destin.  J'aime ce qui m'arrive.  J'aime jusqu'à l'absolu de mon ignorance.  N'est-ce pas le juste manière d'entrer dans la mort ?

Du même auteur j'ai lu et chroniqué

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3 commentaires:

Benoit a dit…

Très belle chronique. Je partage ton émotion et ta "passion" pour ce texte si personnel et intime. Du grand Amélie, n'en déplaise à certains ;)

Christianp373 a dit…

Comme vous dites, il s'agit de plus en plus d'un texte que d'un roman...
3/4 d'heure de lecture ...

Philippe D a dit…

5 coeurs dis donc !
C'est une auteure que je ne lis pas, mais ce roman pourrait me plaire.