mardi 29 juillet 2025

Le royaume de Séraphin - Mélodie Ducœur

 Le royaume de Séraphin - Mélodie Ducœur











Plumes de coeur
Parution : janvier 2023
Pages : 300
Public cible : 9-14 ans
Isbn : 9782494734036
Prix : 14.90 €


Présentation de l'éditeur


Harcelé depuis sa petite enfance en raison de sa différence, Dimitri, dix ans, décide d’en finir avec la vie en sautant d’un pont. Contre toute attente, il se retrouve alors dans un univers parallèle : le royaume de Séraphin. Regrettant son geste et doté d’un superpouvoir, il va tout tenter pour redonner le sourire à sa maman, dévastée depuis sa disparition. Mais y parviendra-t-il malgré ses troubles ? Meurtri par des années de persécution, arrivera-t-il à prendre confiance en lui et à s’unir aux autres adolescents pour défendre le royaume ?


Abordant les thèmes du harcèlement et de la perte d’un être cher, le royaume de Séraphin est une ode à la vie et une invitation au respect de l’autre dans la différence.


Mélodie Ducœur



Belge, née le 1er octobre 1977, je suis maman de 4 enfants.

Avant de me mettre à l'écriture en 2021, je pratiquais le triathlon. Je suis gérante de sociétés et bénévole dans une association.

Après le succès inattendu de ma nouvelle, lauréate d'un concours, je l'ai adaptée en roman et en album jeunesse pour redonner le sourire aux personnes endeuillées.

Et comme le sujet du harcèlement me tient à coeur, dans mon roman, je l'aborde en invitant à plus de tolérance et de respect de l'autre dans la différence. J'ai ensuite écrit une version pour les ados, pour aborder ce thème de la différence avec les jeunes.

En moins de deux ans, la collection du Royaume de Séraphin compte désormais cinq volumes.

J'écris aussi des poèmes et j'ai publié deux recueil dont un, sur le deuil, et intitulé "Nos étoiles du ciel".



J'admire les personnes qui tendent la main aux autres, celles qui se relèvent face aux difficultés de la vie et celles qui sont des exemples pour les autres. Hypersensible, de nature hyper-optimiste et voyant la vie en couleurs, je tiens par-dessus tout à apporter du bonheur aux personnes qui souffrent. Croyant fortement en l’Humain, je suis persuadée que le harcèlement n’est pas une fatalité : « On peut tous faire preuve de plus d’empathie. Dans ce fléau qui touche particulièrement les jeunes, chaque geste compte, et chaque vie sauvée est une victoire… ».

Source : son site

Mon avis

La vie est parfois bien faite, il y a de belles rencontres comme celle avec Mélanie Ducœur rencontrée à Paris lors de la remise du prix des bloggeurs.  Mélanie m'a offert ce roman et m'a donné envie de le découvrir.  Une belle réussite.

Dimitri a 10 ans lorsqu'il décide d'en terminer de vivre, c'est devenu trop compliqué pour lui de ne pas se sentir accepté tel qu'il était, de se sentir continuellement harcelé car il est différent. 

Dimitri, un enfant atteint de troubles TDAH , troubles de l'attention et de la concentration.  En fait il ne parvient pas à rester concentré sur un sujet, son esprit vagabonde, il oublie de dire bonjour, ne sait pas rester en place car hyperactif.  C'est comme ça, il doit faire avec mais il était continuellement l'objet de brimades, de moqueries, de harcèlement.  Il avait fait un petit spectacle pour expliquer comment il fonctionnait, pour se faire accepter mais à quoi bon car à l'extérieur de l'école, dans d'autres cercles il était toujours la cible et à la longue, ce n'était plus possible.  Il a donc décidé d'en finir !

Une façon simple d'expliquer aux ados ce qu'est le harcèlement, ce que l'on subit et comment faire pour accepter les différences qui font la richesse de notre société.

Mais Dimitri arrive au royaume de Séraphin, un monde de bienveillance où il aura toujours 10 ans, il rencontrera Timéo, Titouan, Tifanie, des amis qui ont des pouvoirs comme faire naître des fleurs, des animaux ou donner la vie.  Le pouvoir de Dimitri sera de faire rire et d'atténuer la douleur.

Je m'arrête là pour l'histoire, à vous de la découvrir.

Ce qui est intéressant dans ce livre qui parle du harcèlement mais aussi surtout du deuil, des injustices, des traumas de la vie, c'est que Mélanie Ducoeur rend ici un récit accessible aux ados avec des personnages qui les intéressent et interpellent.  La mise en page du livre convient aux dyslexiques et donnera je le pense le plaisir et l'envie de lecture.

Ce livre décliné dans un album pour les plus petits et un roman adulte est un excellent point de départ pour débattre avec les ados de la violence du harcèlement, de faire prendre conscience de cette réalité et d'essayer de faire changer les choses.

Un livre à mettre entre toutes les mains.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

On ne peut rejeter la faute sur une personne en particulier.  Le harcèlement, il l'a vécu dès son plus jeune âge, tout le temps, par différents individus, des adultes et des enfants. 

Chaque geste n'est peut-être qu'une goutte d'eau, mais plein de gouttes d'eau mises ensemble peuvent devenir un océan. Pensez-y à chaque fois que vous serez témoin d'une moquerie ou d'une agression. 

Quand vous êtes témoin d'une injustice, ne fermez pas les yeux en vous disant que ce n'est pas votre problème.  

Nous avons tous des qualités et des défauts, et c'est ce qui fait la richesse de notre monde.  Chaque être humain a le droit d'exister. 

La richesse de notre société, de notre monde, c'est justement la différence.

dimanche 27 juillet 2025

Les évaporés du Japon - Léna Mauger

 Les évaporés du Japon  -   Léna Mauger




















Les arènes
Komon
Parution : 07/05/25
1ère parution : 2014
Pages : 206
Ean : 9791037514059
Prix : 17 €

Présentation de l'éditeur

Chaque année, près de cent mille citoyens japonais, hommes et femmes de tous âges, disparaissent volontairement. Dettes, histoires d'amour inavouables, échecs intimes, ils ont en commun de partir sans jamais revenir. Lié à la honte et au déshonneur, ce phénomène est au coeur de la culture nippone. Débarrassés de leur passé, les évaporés tentent de refaire leur vie dans les marges de la société. Des faubourgs de Tokyo en passant par les sources chaudes d'Atami, le mont Fuji ou la zone contaminée de Fukushima, Léna Mauger est allée à la rencontre de ces vies singulières.


Mon avis

Léna Mauger, journaliste, et Stéphane Remael, photographe, ont enquêté sur la part d'ombre du Japon en 2014, une jolie réédition dans la jolie collection Komon, une collection dédiée au Japon.

Chaque année au Japon, 100 000 personnes se volatilisent, disparaissent volontairement, on les nomment  "les évaporés", un phénomène qui existe depuis la nuit des temps mais qui s'est accentué lors de l'éclatement de la bulle financière.

Ce sont des personnes qui du jour au lendemain écrasées par le poids de la honte, par des dettes financières décident de disparaître.  Ils sortent de chez eux un jour sans se retourner, certains mettent fin à leur jour, une mort violente, des corps non retrouvés, d'autres décident du jour au lendemain de vivre une nouvelle vie.  Léna Mauger et Stéphane Remael ont essayé de retrouver la trace de certains, de comprendre pourquoi.

Au Japon, c'est l'excellence permanente qui est demandée, on vit pour son travail, on se dévoue à son entreprise, cela ne laisse aucune place à la vie de famille, à l'épanouissement personnel. Cela génère du stress, il faut toujours être au top.  Il y a même des stages de l'enfer, 13 jours pour réapprendre aux employés "imparfaits"  - entendez par là un peu moins performants - de réapprendre le chemin de l'ordre et de l'obéissance, humiliations, lavage de cerveau pour glorifier les valeurs de l'entreprise.  Si l'employé échoue c'est le renvoi assuré !  et donc la honte, le déshonneur difficile à accepter !

Il existe des sociétés d' "évaporateurs" qui vous font disparaître en une nuit, recommencer une autre vie.

Une vie souvent en marge de la société, des jobs de parias exécutés par des yakusas (la mafia japonaise).  

Dans ce récit, différents témoignages, des parcours de vie différents, une fuite suite à des problèmes d'endettement ayant en commun l'envie de disparaître des radars.  

Intéressant, interpellant, 30 % seulement  des évaporés reprennent un  jour contact avec leurs proches. 


A découvrir.

Ma note : 8/10


jeudi 24 juillet 2025

Nos insomnies - Clothilde Salelles

 Nos insomnies  -  Clothilde Salelles
















Gallimard
L'arbalète
Parution : 09/01/2025
Pages : 256
Isbn : 9782073081551
Prix : 20.50 €

Présentation de l'éditeur

"Comme toutes les familles, nous avions un secret. Ce secret, c'était que la nuit, nous ne dormions pas." Dans un village de l'Essonne, à la fin des années 1990, une petite fille grandit au sein d'une famille en apparence sans histoires. Pourtant, elle perçoit confusément une menace. Il y a d'abord ce secret familial bien gardé, ces insomnies qui rendent les journées électriques. Il y a ces mots redoutables - lotissement, couloir aérien - qui résonnent comme de mauvais augures. Et puis il y a le père, irascible et distant, qui demeure un mystère pour la fillette. À mesure que les mois passent, le huis clos familial se fait oppressant. Jusqu'à ce qu'un drame survienne, que personne ne nomme... Ressuscitant le monde de l'enfance et son inquiétante étrangeté, Clothilde Salelles explore dans Nos insomnies la question du tabou et le pouvoir ambivalent des mots, destructeurs et salutaires.


Clothilde Salelles


Photo F. Mantovani © Éditions Gallimard

Clothilde Facon-Salelles est Docteure en sociologie et ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, chercheuse en science politique au sein de l'Université d'Anvers.

Source  Babelio






Mon avis

Direction dans un petit village de banlieue d'Essonne fin des années 90, un petit pavillon, une famille, un père, la mère, des jumeaux et la narratrice âgée de 9 ans.  Elle va nous raconter sa famille, son quotidien et le secret, sujet tabou qui entoure la famille: ce secret est que "la nuit, nous ne dormions pas".

Ce récit c'est le quotidien, des fragments de vie qui nous sont racontés à hauteur d'enfant mais avec une langue maîtrisée, un vocabulaire savamment choisi, un texte littéraire porté par la langue.

Il ne se passe rien de particulier, juste des fragments de vie, elle écoute la nuit les bruits des parents insomniaques, nous décrit l'ambiance "lourde", anxiogène en inventant une langue avec 'journédificil" "maldedos" "chutpapadort"  mais aussi un peu plus tard les éléments perturbateurs comme "lotissementd'àcôté" "bruitsd'travaux" "couloiraérien" " cesfoutusavions".

Une famille où personne n'est nommé, juste ces amies d'enfance Marion et Julie chez qui la vie prend une tout autre forme.  Chez elle pas de "méparents" "papamaman", c'est "monpère" "mamère",  un père qui est là sans l'être, qui s'isole dans son cagibi la journée, qui part promener la chienne.  On sent au fil des pages qu'un drame se trame.   

Seul moment de répit, les vacances, une certaine normalité en camping mais chaque année est la répétition des précédentes jusqu'au drame.

Difficile enfant de mettre des mots sur ce qui est ressenti quand on ne parle pas dans la famille, même lorsque le drame aura lieu, on ne parle pas sur "cequisépassé" ni du "commentçasépassé". 

Ce manque de mots destructeurs deviendra un jour enfin salutaire et salvateur.  Un très beau roman porté par la langue, l'écriture est parfaitement maîtrisée, les mots excessivement bien choisis.

Ma note : 8/10


Les jolies phrases

Sans doute avais-je déjà conscience que les choses devaient être verbalisées pour exister.

Tandis que moi, je poursuivais ma non-existence sans mots pour la raconter.

Ce qui était grave pour les adultes ce n'étaient pas les évènements en tant que tels: c'était que les choses ne se déroulent pas comme ils l'avaient prévu.

Les malheurs des adultes ne venaient pas des choses en elles-mêmes, mais de l'écart entre ce qu'ils avaient programmé et ce qui advenait, de cette distorsion entre la petite image qui flottait dans leurs têtes et ce que la réalité leur réservait.

Au milieu de la nuit, je sentais encore un peu de colère, ses flammes se rallumaient ; alors je me concentrais sur cette idée - ma colère existait dans le monde, elle était même, peut-être, justifiée aux yeux de ma mère - et, en me blottissant contre elle, je finis par m'endormir dessus.  

Les mots étaient des fauves auxquels on avait rendu leur liberté. Cette liberté était vertigineuse. 

mercredi 23 juillet 2025

La villa Aigue-Marine - Arnaud Nihoul

 La villa Aigue-Marine   -    Arnaud Nihoul




















Genèse éditions
Parution : 14 février 
Pages : 348
Isbn : 9782382010358
Prix : 22.50 €

Présentation de l'éditeur



Alistair, journaliste écossais, et Lauryne, photographe américaine, répondent à l’étrange convocation du notaire Fontenay, en Normandie. Ils apprennent qu’ils héritent d’une villa dans l’archipel voisin de Chausey par la volonté de celle qui y vivait, Alice Terneuve. Une totale inconnue.

Une seule condition : Alistair et Lauryne doivent trouver le lien qui les lie aux Terneuve.
À partir d’indices laissés dans la villa et des rencontres avec les habitants de Chausey, ils vont plonger dans la mémoire d’une famille, ses joies et ses drames., sur cinq générations. Une enquête sensible au cœur des nombreux mystères qui hantent encore la villa Aigue-Marine.


Arnaud Nihoul




À côté de son métier d’architecte, Arnaud Nihoul consacre tout son temps à l’écriture. Après quelque quinze nouvelles très remarquées et trois romans plusieurs fois primés : 
- Caitlin
- Claymore
- Le témoin silencieux   (sélection finale prix des lycéens 2024) qui nous entraînait  au cœur de Manhattan dans les arcanes du monde de l’art.

On le retrouve avec ce quatrième roman "la villa Aigue-Marine" qui a des secrets à nous dévoiler.







Mon avis

Quel lien existe-t-il entre une photographe vivant à Providence, Lauryne Blackwater et un écrivain écossais se nommant Alistair Mac Farlane ?   Ils ne se sont jamais rencontrés et sont aujourd'hui réunis chez un notaire du Cotentin.  Ils héritent ensemble de la villa "Aigue-Marine" qui se trouve sur l'île de Chausey,  à charge pour eux de prouver leur filiation avec la famille Terneuve, c'est le souhait testamentaire d'Alice la dernière occupante de cette villa Art Nouveau de bord de mer.

Alistair est le narrateur.  Il s'interroge de suite car un aïeul possédait une villa portant le même nom en Ecosse.  Lauryne est plus discrète en début de roman, elle s'isole beaucoup à la différence d'Alistair qui part à la rencontre des îliens.  Deux autres personnages nous accompagnent dans ce récit, il s'agit de Nadia, la petite fille des hôteliers de l'île, vive, spontanée et Henri, un vieux pêcheur plus taciturne mais philosophe.

Le roman alterne sur l'avancée des découvertes d'Alistair et Lauryne et la découverte des cinq générations Terneuve ayant occupé la villa.  La vérité ou un récit imaginaire qui se construit peu à peu.

Cette villa est remplie de mystères, de cachettes secrètes, de petits éléments qui nous feront comprendre qui étaient les Terneuve et le lien avec les enquêteurs. On parcourt 120 ans d'histoire en voyageant dans le temps et dans l'espace avec la réception de photos dans la boîte aux lettres qui leur permettront d'avancer.

Alice Terneuve a écrit l'histoire de la famille dans le livre des Terreneuve qui leur sera remis.  Il reste deux énigmes irrésolues : - le décès mystérieux de la petite Lyna à l'âge de 7 ans et un mystérieux héritage américain.  

Alistair et Lauryne seront-ils à la hauteur ?   On voyage, on sent les embruns, le vent, la marée, un roman sensoriel qui vous promet un bien beau voyage.


Ma note : 9/10 

Les jolies phrases

Il y a une chose que j'ai apprise en faisant ces recherches sur notre famille, c'est qu'il vaut mieux trouver par soi-même pour comprendre et accepter. Il faut ressentir de l'empathie pour ces hommes et ces femmes du passé, en retraçant leur vie, si l'on veut les juger avec honnêteté.

Le doute est un signe d'intelligence, réagit-il à ma grande surprise.  D'ouverture à ce qui nous entoure. En cela, c'est une chance.  Celui qui ose avancer avec son doute et qui accepte le risque d'échec s'enrichira de tout ce qu'il découvrira.

L'incertitude est un état précieux, car elle nous donne la liberté de décider. Elle laisse place à l'intuition, à la création. L'homme pétri de certitudes est enfermé en lui-même. Il ne verra même pas ce qui ne va pas dans son sens. Ses idées seront tellement ancrées qu'il n'aura plus la place d'accueillir ce qui est neuf, différent.


Le bonheur est insaisissable. C'est un état plus stable que la joie. Il n'est pourtant jamais acquis. Par contre, il y a des milliers de sources de joie qui traversent notre quotidien. Il ne tient qu'à nous de nous laisser surprendre et ressentir le plaisir de vivre.

La véritable confiance n'a de sens que dans son absence de certitude.  Il ne faut craindre le doute, c'est une occasion en or d'exister davantage.

Je crois qu'on est plus libre et créatif si on accepte ce qui nous conditionne tout en faisant des choix qui orientent notre vie.  S'engager pour modeler son existence est le meilleur moyen de s'affranchir de l'angoisse.

Je demeurais fasciné par la puissance de l'imaginaire, qui pouvait l'évader du réel pour l'aider à mieux le comprendre.  Voyager par la pensée vers d'autres lieux, d'autres époques, dans d'autres sociétés, ce n'était pas fuir notre réalité mais prendre un recul salvateur pour mieux en percevoir les spécificités et les richesses.

Le bonheur est insaisissable.  C'est un état plus stable que la joie. Il n'est pourtant jamais acquis.  Par contre, il y a des milliers de sources de joie qui traversent notre quotidien.  Il ne tient qu'à nous de nous laisser surprendre et de ressentir le plaisir de vivre. 

Vieillir, c'est avoir plus de temps, plus de sagesse, plus de liberté d'esprit.  On relativise, on n'a plus rien à prouver.  Cela n'a pas que des désavantages. 






Du même auteur j'ai lu

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lundi 21 juillet 2025

La cuisinière du Kaiser - Armel Job

 La cuisinière du Kaiser   -   Armel Job















Robert Laffont
Parution : 20/02/25
Pages : 302
Isbn : 9782221279380
Prix : 20 €



Présentation de l'éditeur

Magda et Victor forment un jeune couple auquel tout semble réussir ; leur établissement, le Grand Hôtel des Ardennes prospère et ils fondent bientôt une belle famille de huit enfants.
Tout bascule lorsque la guerre éclate.
Le 22 août 1914, Guillaume, le fils préféré de Magda, est brutalement assassiné par un officier allemand. Magda s'emmure dans son deuil, Victor dans son silence.
La famille se disloque.
Pour rendre justice à son enfant, et pour tenter de soulager sa douleur, Magda se lance dans une longue quête solitaire qui va la conduire au plus près des responsables de la guerre, jusqu'au chef suprême des armées, le Kaiser Guillaume II en personne.


L'auteur





Armel Job est l’auteur d’une dizaine de romans parmi lesquels La Femme manquée (prix René-Fallet du premier roman), Helena Vannek (Prix des lycéens-Belgique), Les Fausses Innocences (Prix du jury Jean-Giono), Tu ne jugeras point (Prix des lycéens-Belgique et prix Simenon), Loin des mosquées, Dans la gueule de la bête, Et je serai toujours avec toi, et En son absence, tous publiés chez Robert Laffont.

Mon avis

Tout commence par la transmission d'une vieille photo sauvée d'un incendie et la transmission d'un manuscrit rédigé en allemand transmis au narrateur dont nous connaîtrons l'identité en fin de récit.  Armel Job nous propose une immersion dans la région de Vieux-Mesnil, durant la grande guerre de 14,  région d'origine allemande au départ, c'est la langue utilisée par Magda pour nous conter une partie de sa vie.

Magda se marie en 1885 avec Victor à qui elle donnera huit enfants.  Même si à l'époque, la femme était sous la coupe de l'Homme, on peut dire que Magda avait des idées et c'est grâce à elle que "Le grand hôtel des Ardennes" où on la voit sur une photo entourée de ses enfants, auberge à l'origine, a été transformé en hôtel.  

La photo est de 1910 pour leurs 25 ans de mariage, sauvée de justesse de l'incendie et du drame survenu le 22 août 1914, son fils Guillaume a été abattu par les allemands, l'hôtel incendié.

A parti de ce moment, Magda abattue par le chagrin n'a pas cessé de vouloir rendre justice à son fils, comprendre pourquoi, c'est l'amour d'une mère qui l'a conduite à devenir la cuisinière du kaiser.

Je ne vous en dirai pas plus, le roman vous permettra de découvrir les motivations de cette mère brisée par le deuil, un roman sur l'absurdité de la guerre, de ce que subit la population.  Le roman est très bien documenté, il parle à merveille de cette région qui fut un temps allemande, rendue à la Belgique pour redevenir allemande durant la grande guerre.  

La région de Spa, Stavelot est merveilleusement décrite.  J'ai aimé le personnage de Lieselotte, la tante de Magda, une féministe à sa façon, refusant pour sa nièce l'enfantement dans la douleur, une femme libre, déterminée.

La plume est fluide et classique, au vocabulaire riche et bien choisi. J'ai aimé l'atmosphère de cette saga familiale mêlant la petite et grande histoire.  


Ma note : 9/10


Les jolies phrases

A la guerre, de toute façon, il n'y a que les innocents qui meurent, à commencer par les militaires.  Dans chaque camp, les soldats ne font que leur devoir, ils ne peuvent être tenus pour coupables de leurs actes.

On s'interroge toujours trop tard sur la vie de ses parents. Le plus souvent, on n'y pense que lorsqu'ils ont disparu.


Ce n'était pas désagréable, mais c'est comme l'ivresse. Le jour vient où l'on arrête de boire, parce qu'on en a assez de la gueule de bois le lendemain.


Le problème avec les morts, c'est qu'ils ne vieillissent plus. Les enfants restent pour toujours les enfants attendrissants qu'ils étaient, alors que s'ils avaient grandi, ils seraient devenus les fades adultes qui finissent par lasser l'amour maternel.


Si ceux qui décident des guerres devaient eux-mêmes exécuter leurs adversaires, ils renonceraient bien vite aux arguments qui les font recourir aux armes. Ce sont des arguments de gens qui ne salissent pas leur bel uniforme, ils laissent la sale besogne aux sans-grade qui n'ont pas voix au chapitre. Une mort pour eux n'a pas plus d'importance qu'un pion perdu dans une partie d'échecs.

On devrait avoir pitié de ceux à qui on cause du chagrin, quand bien même on n'en avait pas l'intention. 

Peut-on se soucier de la souffrance des autres quand soi-même on souffre jour et nuit ?

L'amour d'une mère, en principe, ne se divise pas par le nombre de ses enfants, il reste entier pour chacun.  


Du même auteur j'ai lu

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dimanche 20 juillet 2025

Ils ont rejoint mon Himalaya à lire

 Ils ont rejoint mon Himalaya à lire





La rentrée approche à grands pas,  voici les dernières arrivées principalement chez Albin Michel et chez Héloïse d'Ormesson mais pas que.  Soyez curieux.


Surchauffe -  Nathan Devers
















Albin Michel
Parution : 20 août 25
Pages : 336
Ean : 9782226503824
Prix : 21.90 €


Présentation de l'éditeur



Sélection du Prix Cabourg du Roman 2025

Une île interdite d’accès devient métaphore du dernier refuge dans un monde en surchauffe.



Entre un métier envahissant, un mari égoïste et un patron corrompu, Jade est sans cesse à la limite du burn-out. Est-ce pour fuir cette réalité toxique qu’elle accepte de superviser la création d’un palace dans l’archipel indien d’Andaman ? Un paradis tropical où elle découvre une île inviolée et coupée du monde, habitée par un peuple ancestral dont le nom sonne comme une alerte : les Sentinelles.

Et si cette île, dans son mystère, était le miroir inversé de notre monde, lui-même en surchauffe ?

Depuis Les Liens artificiels, qui racontait la désincarnation du réel, Nathan Devers développe une oeuvre à la fois singulière et lucide. En sismographe de la modernité, il se confronte ici aux questions brûlantes de notre temps en décryptant les symptômes du nouveau "mal du siècle".


Combustions -  François Gagey




















Albin Michel
Parution : 20 août 2025
Pages : 352
EAN : 9782226497161
Prix : 21.90 €

Présentation de l'éditeur



Un premier roman vertigineux, une fresque humaine profondément émouvante où se dévoile la vérité nue des hommes lorsqu'une centrale nucélaire explose et condamne trois amis à une fin imminente.

Octobre 2023, la centrale nucléaire de Flamanville explose. Au même moment, sur le sentier des douaniers, Paul, banquier d’affaires sur le déclin, randonne avec deux amis qui voient en lui un mentor. Pris au piège de la zone contaminée, les trois hommes, hantés par leur passé et d’impossibles regrets, sont contraints d’entamer une marche épuisante pour leur survie. À travers leurs destins croisés resurgissent leurs illusions, les êtres qu’ils ont aimés et les contradictions du désir.

De son écriture immersive, François Gagey brosse le portrait satirique et tendre d’un monde désorienté où les élites se consument. Qui sommes-nous face à l’effondrement ? Un premier roman bouleversant, où se dévoile la vérité nue des hommes.


Entre toutes   -   Franck Bouysse




















Albin Michel
Parution : 20 août 25
Pages : 288
EAN : 9782226465740
Prix : 21.90 €

Présentation de l'éditeur

Marie est née en 1912 dans une ferme de Corrèze. Elle n’en partira jamais.
Franck Bouysse, une fois n’est pas coutume, livre avec une pudeur saisissante l’histoire de sa famille et prouve ici qu’il est aussi talentueux dans le récit de l’intime que dans la fresque romanesque. C’est beau et déchirant, c’est plein d’allégresse et de tragique : c’est la vie comme elle va.

On termine avec ma friandise littéraire annuelle et je peux déjà vous dire que c'est un livre puissant, très personnel, ceux que je préfère chez Amélie.

Tant mieux    -   Amélie Nothomb




















Albin Michel
Parution : 20 août 2025
Pages : 288
EAN : 9782226465740
Prix : 19.90 €

Présentation de l'éditeur

« Tant mieux : la version joyeuse du sang-froid »
 
Amélie Nothomb


Pour la première fois, après son père dans Premier sang (2021) et Psychopompe (2023), Amélie Nothomb évoque sa mère, et le lien singulier qui les unissait.


Un autre titre attendu? Celui d'Anne Berest

Finistère - Anne Berest




























Albin Michel
Parution : 20 août 2025
Pages : 432
EAN : 9782226487186
Prix : 23.90 €

Présentation de l'éditeur



Anne Berest poursuit sa grande exploration des « transmissions invisibles » et ses interrogations autour de la trans-généalogie. De quoi hérite-t-on ?

« À chaque vacances, nous quittions notre banlieue pour la Bretagne, le pays de mon père, celui où il était né, ainsi que son père - et le père de son père, avant lui. Le voyage débutait gare Montparnasse, sous les fresques murales de Vasarely, leurs formes hexagonales répétitives, leurs motifs cinétiques, dont les couleurs saturées s’assombrissaient au fil du temps, et dont l’instabilité visuelle voulue par l’artiste, se transformait, année après année, en incertitude. »


Après La Carte Postale et Gabriële, Anne Berest déploie un nouveau chapitre de son œuvre romanesque consacrée à l’exploration de son arbre généalogique : la branche bretonne, finistérienne, remontant à son arrière-grand-père. Ici, la petite et la grande Histoire ne cessent de s’entremêler, depuis la création des premières coopératives paysannes jusqu’à mai 68, en passant par l’Occupation allemande dans un village du Léon et la destruction de la ville de Brest.

3 titres pour la rentrée chez Héloïse d'Ormesson

Ce que prend la mer  - Manon Fargetton 



























Héloïse d'Ormesson
Parution : 21/08/25
Pages : 304
Isbn : 9782487819351
Prix : 21 €

Présentation de l'éditeur

Sur la piste d'un père muré dans le silence, une jeune vidéaste remonte le cours du temps sur une île écossaise. Son enquête fait resurgir une histoire refoulée, une transmission avortée, dont Maxine comprend qu'elle est la dépositaire.
Violoncelliste de renom, Térence habite une cabane posée sur une dune qui menace de s'écrouler. Alors qu'il est hospitalisé, sa fille, Maxine, découvre dans un tiroir une série de Polaroïds mystérieux, témoins d'une correspondance de près de cinquante ans. Ces clichés la bousculent, et grâce aux indices qu'elle identifie, elle part à la recherche de la photographe sur une petite île écossaise. En fouillant cette terre et les mémoires de ses habitants farouches, c'est un adolescent de dix-sept ans qu'elle rencontre, débarqué sur ce bout du monde pour disparaître. Un adolescent devenu ce père lointain qu'elle voudrait connaître. Car cette île, il l'a inscrite dans leur chair, et elle repartira avec des réponses qu'elle n'attendait pas.

À qui appartiennent les histoires ? À ceux qui les vivent ? À celles qui les racontent ? Ce que prend la mer est le roman d'une transmission avortée, d'un silence qui vient abîmer les êtres jusqu'à ce qu'il soit enfin brisé. Raconter et sublimer le secret décelé pour ne plus jamais vivre empêché. Une ode à la liberté de choisir la voie à emprunter.

Un premier roman

Le pays dont tu as marché la terre  -  Daniel Bourrion





















Héloïse d'Ormesson
Parution : 28 août 25
Pages : 128
Isbn : 9782487819252
Prix : 15 €

Présentation de l'éditeur


Comment dire adieu à un ami d’enfance quand il n’est plus qu’une silhouette lointaine, enfouie dans les méandres de la mémoire ? Et pourtant le souvenir des après-midis partagés est intact. Ces heures de rien où les amitiés se scellent. Une disparition d’autant plus bouleversante que le camarade semble avoir cessé d’exister avant même sa mort. Une mort lente, d’abord sociale, puis affective. Afin d’honorer cette courte vie faite de dénuement, de redessiner les contours de son visage flou, il faut saisir la langue qui faisait défaut à l’ami pour le raconter, dire la perte, et raviver le village qui fut son seul horizon. Parler avant qu’il ne soit définitivement effacé.

Un premier roman hypnotique dont le verbe inventif et charnel convoque ce qui n’est plus et éclaire le mystère des existences qui côtoient les marges.

Le troisième titre est une ode à l'amitié

Nous les moches  -  Jean Michelin





















Héloïse d'Ormesson
Parution : le 21 août 25
Pages : 256
Isbn : 9782350879956
Prix : 20 €

Présentation de l'éditeur



Norfolk, Virginie. Quatre lycéens, oubliés du rêve américain, s’esquintent les doigts sur des morceaux de thrash metal pour y déverser leur colère. Cheveux filasse et jeans usés, ils se cramponnent à l’existence des laissés-pour-compte, la seule qu’on leur ait offerte et qui ne leur épargne pas les coups. Alors de la colère, ils en ont à revendre. Mais pas assez pour que leur groupe s’écrive un destin…

Quand, trente ans plus tard, les aléas de la vie les réunissent, ils ressassent toujours leurs illusions piétinées. Ensemble, ils vont la faire, cette tournée des petits bleds à travers le pays. Et de bars pourris en galères, ils comprendront qu’il n’est jamais trop tard pour être fidèle à leurs rêves de gosse.

Nous les moches est une ode magistrale à l’amitié, un roman renversant sur les déclassés et l’Amérique des vides qui font aussi le coeur battant de ce pays paradoxal et fascinant. Alors que défilent les vastes paysages et que les confessions s’égrènent, chacun révèle sa part de tendresse et découvre que cette vie valait le coup malgré tout.

Chez le même éditeur j'avais envie de découvrir ce roman de Sabine Wyckaert

Trois sous un toit  -  Sabine Wyckaert





















Héloïse d'Ormesson
Parution : 07 mai 2025
Pages : 288
Isbn : 9782487819054
Prix : 19 €

Présentation de l'éditeur


Sous un même toit, une grand-mère irresponsable, sa fille colérique et sa petite-fille rêveuse partagent une vie sans surprises et aspirent à d'autres horizons. Quand le reflet d'Anne Roumanoff apparaît à l'une d'elle, l'imprévu, la fantaisie et l'amour font irruption dans ce huis-clos bien trop tranquille.

Un jour, alors qu'elle se regarde dans le miroir de la salle de bains, Lise fait une rencontre pour le moins étrange. Et décisive en cette période où ses nerfs jouent au yoyo. En accueillant l'insolite dans sa vie, elle bouleverse celle de Jeanne, sa mère, et d'Agathe, sa fille. Car les trois femmes partagent le même toit et un quotidien bien orchestré aux côtés de Schopenhauer, un matou qui n'a d'intelligent que le nom, et de Kéké, un perroquet qui déclame de la poésie surréaliste. Mais l'arrivée inopinée de Gustave et Xavier dans l'existence des trois femmes va les contraindre à jouer cartes sur table et accepter qu'un petit vent de folie souffle sur la maisonnée.
Une chronique acidulée et délicieuse qui rassemble les générations et explore avec tendresse et drôlerie les joies et mésaventures du vivre-ensemble.

Chez Denoël  un nouveau Sylvie Le Bihan

L'ami Louis -  Sylvie Le Bihan




























Denoël éditions
Parution : 20 août 25
Pages : 432
Isbn : 9782207178058
Prix : 22.50 €

Présentation de l'éditeur

« Tu vois, Albert et moi, on ne s’est pas connus, on s’est reconnus. Il m’a sauvé… car il est arrivé dans ma vie à un moment où je croyais le bonheur impossible. »

En 1976, Élisabeth Daguin est engagée par Bernard Pivot pour préparer une émission d’Apostrophes sur Albert Camus. Ses recherches la mènent au grand ami du Nobel de littérature : Louis Guilloux, le fameux auteur du Sang noir, esprit libre, compagnon d’une génération d’écrivains, prix Renaudot 1949 et qui vit désormais à Saint-Brieuc, oublié de tous.
Arrivée en Bretagne, Élisabeth rencontre un homme réservé qui se méfie des journalistes. Au fil de leurs échanges, elle découvre le don de « l’ami Louis » pour l’empathie et la fraternité. Sa sagesse offrira à Élisabeth la clé pour se réconcilier avec son passé. À son tour, elle l’aidera à retrouver un amour perdu.
Magnifique histoire d’amitié, ce roman est aussi une traversée du XXe siècle littéraire, de Paris à Saint-Brieuc, Londres et Venises, et un hommage vibrant aux « petites gens », à la classe populaire dont Camus et Guilloux étaient les fidèles enfants.


On termine par le nouveau roman de Joffrine Donnadieu

Aux nuits à venir  - Joffrine Donnadieu



























Gallimard
La Blanche
Parution : 21 août 25
Pages : 400
Isbn : 9782073032164
Prix : 22.50 €

Présentation de l'éditeur

« Son ventre est chaud, il brûle. Il ne reste plus que cette boule incandescente au niveau du nombril qui illumine tout sur son passage. Jamais elle n’a ressenti autant d’amour. Son ventre contient leur histoire. Elle flotte dans l’air comme un foulard emporté par le vent. Elle passe à travers la grille, y dépose la fourrure des souvenirs qui l’étouffaient, les secrets enfouis, sa vie faussée. Elle dépose les angoisses, les peurs, le dégoût d’elle-même, l’effroi, la culpabilité, les mensonges et les sombres nuits. »

À trente-quatre ans, Marguerite, dite Marge, fuit la moindre entrave à sa liberté. Sans emploi ni logement stables, elle est envahie par des personnages qui peuplent ses nuits, chacun réclamant qu’elle raconte son histoire. Elle finit par trouver refuge dans la cabane d’un chantier abandonné, rue des Martyrs.
En escaladant l’échafaudage de l’immeuble vide, elle découvre un dernier occupant : Victor, ancien militaire, qui résiste aux pressions du promoteur immobilier. Ensemble, ils vont faire alliance contre le monde extérieur. Alors que chaque nuit Marge met au monde les créatures qui la hantent et lui dévoilent un lourd secret d’enfance, la passion amoureuse va saisir les deux réfractaires aux destins si opposés.
Ce roman plein de fougue emporte le lecteur dans l’histoire d’un amour ardent, nourri par la puissance de l’imaginaire. Joffrine Donnadieu libère ici une langue charnelle, vibrante, habitée.

Bel été - belles lectures !

N'hésitez pas à me dire quel titre vous tente le plus.

Rue de la grande truanderie - Une enfance au familistère JD Morvan - Rousseaux Perin

 Rue de la grande truanderie - Une enfance au familistère


JD Morvan - Rousseaux Perin




















Grand Angle
Parution : 02/04/25
Scénario : Jean-David Morvan
Dessin : Romain Rousseaux Perin
Couleurs : Hiroyuki Ooshima
Pages : 64
ISBN 978 2 8189 6901 4
Prix : 15.90 €


Présentation de l'éditeur


Il voulait fournir l’équivalent de la richesse à la classe ouvrière.
Elle voulait une utopie durable.

Jeune indigente parisienne, Glannes a été adoptée par Jean-Baptiste Godin à Guise, dans son Familistère, un établissement dans lequel les ouvriers de son usine et leurs
familles vivent en communauté dans un confort qui leur était jusqu’alors inaccessible.
Mais en grandissant, la jeune femme pressent que la fin de cette utopie réalisée est inévitable, car le progrès technique finira par rendre les poêles obsolètes, et les profits
en baisse marqueront la fin de ce formidable modèle de société.
En butte avec les intégristes du lieu, elle est renvoyée à Paris, où elle retrouve ses compagnons d’infortune : prostituées, mendiants, voleurs, travailleurs journaliers... Pour aider les habitants de l’ancienne cour des miracles, Glannes décide de mettre en pratique les idées que son mentor, Godin, lui a inculquées, en utilisant les “métiers”
de ces rebuts de la bonne société. Car leurs activités à eux sont éternelles.

Romain Rousseaux Perin

Dessinateur de bande dessinée autodidacte, Romain Rousseaux Perin est né et a grandi à Charleville-Mézières, dans les Ardennes. A l'âge de 11 ans, les médecins lui diagnostiquent une maladie de Sever, qui se double d'une algodystrophie. Il passera au total cinq ans en fauteuil roulant et en béquilles. Très limité dans ses déplacements, il tue alors le temps en se plongeant dans le dessin. Plus tard, il se forme au contact d'auteurs professionnels rencontrés lors de salons. C'est à l'occasion d'une séance de dédicaces à Reims, en 2017, qu'il croise la route de Jean-David Morvan. Avec lui et d'autres créateurs de bande dessinée, il cofonde l'atelier The Tribe. Dans la foulée, il participe à l'album collectif Reims, qui sort aux éditions Petit à petit. A cette époque, Romain n'envisage pas encore de faire de sa passion un métier. Ce qui ne l’empêche pas de vouloir tout de même réaliser ses propres histoires en bande dessinée... Pour assurer ses arrières, il suit des études d'architecture, avant de décrocher un doctorat en sociologie. Il est aujourd'hui maître de conférences en sciences sociales à l’école d’architecture de Nancy, et enseigne le dessin à l’université populaire européenne de Strasbourg. Installé à Niederbronn-les-Bains, en Alsace, il n'en a pas pour autant oublié son amour de jeunesse. Et en 2025, il publie sa première bande dessinée professionnelle : Rue de la Grande-Truanderie. Scénarisé par Jean-David Morvan, le diptyque paraît chez Grand Angle.

JD Morvan

Né en 1969, Jean-David Morvan est l’un des scénaristes de BD les plus prolifiques de sa génération. Il s’est d’abord essayé au dessin mais abandonne les études pour devenir scénariste. Il publie ses premiers textes dans un fanzine où il rencontre Yann Le Gall avec qui il écrira en 2001 la série Zorn et Dirna. Il entre dans le catalogue Glénat en 1994 en publiant Nomad avec Sylvain Savoia. En 1998 la série Sillage, avec Buchet au dessin, remporte un succès immédiat. Il est l’auteur des séries Troll, HK, Al Togo, Reality Show et Je suis morte. En 2009 il remporte un Silver Award au Prix international du manga pour l’album Zaya. Chez Glénat également, il scénarise : Sherlock Fox (dessin de Du Yu), SpyGames (dessin de Jung-Gi Kim), les albums de la collection « Ils ont fait l'Histoire » consacrés à Jaurès et Louis XIV, un titre de la série Conan le Cimmérien et toutes les adaptations des ouvrages de Vernon Sullivan (alias Boris Vian). En 2021, il scénarise Le moine mort T1 et La Geste des princes Démons T2. Entre 2017 et 2020, il retrace chez Glénat, le combat humaniste d'une héroïne oubliée pendant l'Holocauste à travers Iréna, une série très remarquée. A l’occasion de la sortie de Madeleine, résistante chez Dupuis en 2022, Jean-David Morvan est récompensé par le prestigieux Prix René-Goscinny. La même année il publie Simone, un biopic bouleversant avec David Evrard récompensé par le Prix des collèges au Festival d’Angoulême en 2023.





Mon avis

Paris 1864, Jean-Baptiste Godin est en visite à Paris.  Glannes, âgée de 8 ans est interceptée, elle vient de voler la montre de cet industriel qui va la prendre sous son aile et l'emmener à Guise au Familistère où elle passera son enfance.

Jean-Baptiste Godin a fait fortune dans la fabrication de poêles en fonte. En 1842 il avait découvert les théories de Charles Fourier, un penseur social utopique qui avait imaginé un projet de vie communautaire : le phalanstère. Ce projet fut un échec mais Godin à partir de 1859 a décidé de construire le familistère à Guise près de son usine.  Objectif, penser au bien-être de ses travailleurs, partager de cette manière les bénéfices de son industrie.  Il a conçu des logements confortables avec chauffage et eau courante, un dispensaire, une crèche, école, buanderie et même une piscine et un théâtre.

Glannes en profitera durant son enfance et cela ne plaira pas vraiment à Emile, le fils de Jean-Baptiste Godin.

On se retrouve à Paris en 1883, une certaine Madame Fourier essaie elle aussi de rendre une justice sociale pour ses travailleuses, rue de la Grande Truanderie.  Mais un certain Caïus ne l'entend pas de cette oreille.

J'ai mis un peu de temps à rentrer dans le scénario et à faire les liens entre les deux époques mais le dessin magnifique m'a séduit en particulier pour le côté architectural, les traits sont fins, très réalistes.  C'est expressif et joliment mis en couleur par Hiroyuki Ooshima.

J'avais très envie d'en savoir plus sur ce familistère utilisé jusqu'en 1968, un endroit que j'aimerais visiter à l'occasion.  Magnifique récit construit sur une utopie sociale.

Ma note : 8.5/10